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Leave No Trace: Disparaître dans la nature

Rare film à avoir une note parfaite sur le site Rotten Tomatoes, Leave No Trace marque le grand retour à la fiction pour Debra Granik, la réalisatrice de l’acclamé Winter’s Bone.

On la pensait perdue dans le bois à jamais. Huit années se sont écoulées depuis que la talentueuse cinéaste américaine a marqué les esprits avec Winter’s Bone, qui a obtenu quatre nominations aux Oscars (dans les catégories Meilleur film et Meilleur scénario notamment).

Il y a bien eu un documentaire, Stray Dog, qui n’a malheureusement jamais pris l’affiche au Québec.

«J’ai travaillé sur des projets qui ne se sont pas concrétisés, révèle la metteure en scène en entrevue. Et comme le genre que j’affectionne est le réalisme social, ça prend beaucoup plus de temps à financer, car personne ne croit en son potentiel commercial.»

Après avoir lancé la carrière de Jennifer Lawrence, Debra Granik pourrait très bien faire la même chose avec la nouvelle venue Thomasin McKenzie, éclatante de justesse dans la peau d’une adolescente qui doit se cacher constamment.

«Ça fait toute la différence, d’offrir un personnage complet, d’explorer le spectre total de la psyché humaine, explique celle qui a donné le plus beau rôle de sa carrière à Vera Farmiga dans Down to the Bone. Ainsi, tu as l’impression de connaître cette personne, d’être proche d’elle, et tu te soucies de ce qui lui arrive.»

Inspiré du roman My Abandonment de Peter Rock et présenté à Sundance puis à Cannes, Leave No Trace est un drame existentiel sur un père et sa fille qui décident de rompre avec le monde qui les entoure. Une œuvre empathique, sensible et métaphorique, subtilement engagée et profondément humaine dans sa façon de montrer ce cocon familial résister aux intempéries.

«Ils sont isolés depuis si longtemps, en parfaite osmose, qu’on ne voit qu’eux à l’écran, développe celle qui a coécrit le scénario avec sa complice de toujours Anne Rosellini. Mais la plus jeune grandit et son regard va changer, surtout au contact d’influences extérieures.»

«Dans la vie de tous les jours comme dans mes films, je me pose sans cesse les mêmes questions : Comment vivre notre existence? De quoi avons-nous besoin pour le faire? Qu’est-ce qu’on veut et comment l’obtenir?» – Debra Granik, réalisatrice et coscénariste de Leave No Trace

Le récit n’est toutefois pas une longue marche tranquille en forêt. Les incessants bruits d’hélicoptères et d’aboiements font écho à l’état d’esprit du patriarche (Ben Foster, au sommet de son art), qui souffre de stress post-traumatique. Un peu plus et on se croirait dans un film de guerre, où la liberté est associée à l’idée de survie.

«Il se sent comme un fugitif, traqué par la société, et fuir n’est pas évident, avance Debra Granik. Surtout qu’il vit avec les conséquences du passé, ses souvenirs, fantômes, ressentiments et douleurs qui sont toujours bien présents, autant dans sa tête que dans son corps. La guerre n’est jamais finie tant que tous les soldats ne sont pas tombés.»

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