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Apprendre le mot «tabarnak» au monde

Photo: Collaboration spéciale

Le Québec est trop petit pour la troupe ambulante du Cirque Alfonse, qui a bien compris qu’affirmer son identité québécoise le plus possible lui confère la carte de visite idéale pour s’inviter dans les théâtres des quatre coins du monde.

Métro a croisé le cofondateur de la troupe, Antoine Carabinier-Lépine, après la première espagnole de Tabarnak à Barcelone. Il s’agit du troisième spectacle – en huit ans de tournée – qui est présenté surtout à l’étranger par le cirque créé avec sa sœur Julie et ses parents à Saint-Alphonse-Rodriguez, dans Lanaudière.

Assis sur les pierres du Théâtre Grec de Barcelone, après une représentation qui a fait salle comble, il s’étonne encore de pouvoir jouer dans un amphithéâtre aussi impressionnant.

«Au début, on ne pensait pas aller à l’international comme ça, avoue l’homme de 37 ans. Malheureusement, avec la réalité du Québec, qui n’a pas une grande population, il n’y a pas moyen de jouer énormément. Donc, on est obligé de s’expatrier, de s’exporter en fait.»
Pour être bien certain que personne ne doute de leur québécitude, leur dernière création a été nommée d’après le juron par excellence qu’apprend tout visiteur qui débarque dans la province.

«Ça a vraiment une puissance, le mot “tabarnak”. C’est très québécois aussi. C’est un mot qu’on a à cœur, et qui fait en sorte qu’on se différencie.» – Antoine Carabinier-Lépine, cofondateur du Cirque Alfonse

Les numéros de Tabarnak mélangent cirque, danse, chansons à répondre et musique rock. Ils n’ont été joués qu’une vingtaine de fois au Québec depuis leur création, l’été dernier.

Aussitôt né, le spectacle a pris la poudre d’escampette et a passé l’année 2018 à se promener : Australie, France, Italie, Espagne… Il fait même partie de la programmation du célèbre festival Fringe d’Édimbourg, à coups de cinq ou six représentations par semaine tout le mois d’août.

Et pour s’exporter, pas question de changer leur ADN, ou même de traduire leurs chansons. Au contraire, après avoir épaté la foule sur trois continents avec leurs plus récents spectacles Timber! et BARBU, les artistes se sont, cette fois, encore plus concentrés sur ce qui les rend bien Québécois.

«Le show est basé sur l’Église, ce que c’était au Québec avant, et ce que c’est devenu maintenant», explique Antoine Carabinier-Lépine.
Les références du spectacle sont pour la plupart locales, voire hyperlocales. Elles incluent une scène de baptême ou celle d’un curé jouant de la mandoline, avec pour décor un vitrail et des bancs évoquant l’église de leur village. Tant de détails qui peuvent être compris par un public de partout, selon lui, parce que le cirque est avant tout un art universel.

«On avait une certaine crainte que ce spectacle-là ne fonctionne pas à l’étranger. Mais au final, on voit les réactions, et puis ça fonctionne très bien. C’est comme quand on fait venir des compagnies de cirque chinois, de cirque russe… Il y a quelque chose de spécial, et ça marche à l’international.»

La famille circassienne et ses collaborateurs reviennent à la maison cet automne pour faire une tournée du Québec qui commencera à Longueuil, en octobre. Même si le corps est «un peu magané» par les dernières années sur la route, ils promettent de repartir à l’étranger «tant que la passion y est encore» pour conquérir d’autres horizons à coups de «tabarnak».

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