Volcano: l’amour est un pouvoir sacré
Présenté à Cannes en 2011 et lauréat quelques mois plus tard de la Louve d’or au Festival du nouveau cinéma, le film islandais Volcano de Runar Runarsson débarque enfin dans nos contrées québécoises. L’attente en valait la peine.
Runar Runarsson est fasciné par les histoires qui portent sur le passage à l’âge adulte. Les courts métrages qu’il réalise depuis l’âge de 16 ans – certains ont été nominés aux Oscars et pour la Palme d’Or – abordent cet aspect et il en va de même de son premier long métrage Volcano, même si son héros a 67 ans. «Émotionnellement, il est encore un peu comme un enfant, confie le metteur en scène, joint en Islande. Mais il va devenir plus sage au fil de son odyssée.»
Père et mari grincheux qui est incapable de combler le vide de se retraite, Hannes n’aura aucun autre choix que de se rapprocher des siens et de ses deux enfants lorsque son épouse tombe malade. Pour éviter de sombrer dans la solitude et l’indifférence, il passe son temps libre à rafistoler un vieux bateau usé par le temps, symbole de ses relations humaines à l’abandon.
Comme dans le cinéma de Bergman ou d’Haneke (Volcano a d’ailleurs plusieurs points communs avec Amour), un soin particulier a été apporté aux personnages et aux sentiments. Le regard est sobre et digne, parfois douloureux mais immensément humain.
«Je fais toujours le portrait de gens que je connais et que j’aime, développe le cinéaste. Même si ce n’est pas autobiographique, c’est important que ça vienne de moi pour qu’il y ait une véritable connexion avec l’histoire. J’ai appris à me mettre à nu, à ne pas avoir peur de m’exposer et à puiser dans l’émotion. En allant sous la peau des gens, ça permet d’être le plus juste possible.»
Le trentenaire n’hésite pas à utiliser les possibilités de son médium, autant au niveau du son que de l’image, pour parfois isoler ses personnages dans le temps et l’espace, à l’aide de sa mise en scène sobre et discrète, attentive aux détails. Ainsi, ses magnifiques paysages ont plus de portée que de simples cartes postales. «Il était important pour moi que la nature serve l’histoire et les métaphores», assure le réalisateur.
En expansion
Malgré la faible densité de sa population et ses quelques films à peine produits à chaque année, l’Islande arrive à tirer son épingle du jeu sur le plan cinématographique. Baltasar Kormakur (101 Reykjavik) a été récupéré par Hollywood et il vient tout juste de réaliser 2 Guns avec Denzel Washington et Mark Wahlberg, de nombreuses œuvres telles Noi the Albino et Dark Horse parcourent les festivals et City State d’Olaf de Fleur sera bientôt refait par James Mangold.
«C’est une jeune industrie, explique le cinéaste Runar Runarsson. Les films ont plus d’attention sur la scène mondiale et ils sont davantage distribués. Je suis optimiste de ce côté.»
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Volcano
En salle dès vendredi