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Chromeo: Roméo de la postmodernité

Photo: Tim Saccenti\collaboration spéciale

Portant toujours le flambeau du funk électronique, à mi-chemin entre l’autodérision et le romantisme, plus d’une décennie après leurs débuts sur Turbo, label de leur ami Tiga, les Montréalais David Macklovitch (Dave 1) et Patrick Gemayel (P-Thugg), du duo Chromeo, s’apprêtent à séduire une nouvelle tranche de mélomanes avec leurs synthés vintage et leur penchant assumé pour le pastiche. Avec White Women, leur album le plus abouti aux chapitres de l’instrumentation et des textes, les deux grands potes du Collège Stanislas franchissent un nouveau seuil de popularité.

L’été dernier, ceux qui se sont abreuvés à même les chaînes de radio et de télé généralistes ont dû s’armer de patience: la programmation a été prise en otage par une princesse Disney déchue faisant l’apologie du twerking ainsi que par un crooner R&B stylé en pimp au rabais déballant son sac de divagations sexistes. Avec un peu de chance, l’été 2014 nous épargnera de telles lassitudes musicales, puisque les grands prophètes de la pop culture semblent croire que Jealous (I Ain’t With It), nouvel extrait à puissante décharge turbo-funk issu du quatrième album de Chromeo, serait un sérieux candidat au titre de «chanson de l’été».

Depuis 2004, au fil des Needy Girl, Bonafide Lovin’ et autres Night by Night, le duo électro-pop composé de David Macklovitch (Dave 1) et de Patrick Gemayel (P-Thugg) puise dans un vaste répertoire musical d’époques révolues, dont l’âge d’or du disco et les classiques soul des années 1970 et 1980, pour livrer des morceaux de pur bonheur, armé de ses jeux de synthés vintage, d’effets talkbox et de crescendos de claviers électroniques. Mais il ne faudrait pas confondre hommage avec nostalgie; leurs textes demeu­rent résolument ancrés dans le présent. Prenons Jealous, une ode sensible à l’homme moderne – ébranlé, castré, incapable d’admettre sa propre jalousie… Rien à voir avec le mâle alpha suffisant qu’interprète de façon plutôt risible Robin Thicke dans Blurred Lines.

Avec White Women, ce quatrième album attendu de Chromeo, les amis natifs de Montréal continuent de brosser un portrait dynamique du gars typique, vulnérable malgré lui, pour qui l’humour bien dosé sert d’exutoire. Ou comme P-Thugg le décrit: «Du funk à la Larry David.»

«On est des anti-héros, un peu geeks et intellos, donc c’est certain qu’on ne va pas se mettre à chanter des trucs don Juan au premier degré, tranche-t-il. Des groupes qui nous influencent, comme Kiss, Iron Maiden ou Steely Dan, prônent une approche légèrement ironique dans leur écriture sans tomber dans le ridicule – sans devenir Weird Al Yankovic. On essaie d’établir ce juste milieu entre l’ironie et la franchise.»

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Transplanté à Brooklyn depuis plus d’un an pour se rapprocher de sa douce moitié musicale ­– qui vibre quant à lui au rythme de la capitale de l’indie bohème depuis déjà une décennie –, P-Thugg affirme que ce déménagement a permis à Chromeo de se consacrer corps et âme au projet comme jamais auparavant. Les amis ont également tenu à inviter plus de collaborateurs à se joindre à l’aventure cette fois-ci, notamment Solange, Ezra Koenig de Vampire Weekend et Pat Mahoney d’LCD Soundsystem. L’ultime preuve comme quoi la recette Chromeo demeure malléable quoique inébranlable? À entendre la voix perchée de Chazwick Bradley Bundick, du projet chillwave Toro Y Moi, sur l’enivrante Come Alive, un registre qu’on ne lui connaissait pas, on comprend que ce sont les collaborateurs qui intègrent le cadre funky-festif du duo canadien, et non l’inverse.

«On a toujours choisi de faire à contre-courant, se souvient P-Thugg. En 2004, quand tout le monde faisait de l’électroclash, on est arrivés avec du funk. Les gens se demandaient bien ce qu’on faisait… Puis, il y a eu l’électro rentre-dedans de Justice, tapageuse et violente, tandis qu’on a continué d’évoluer sur notre chemin de smooth funk. Suivre les courants, ça devient rapidement insipide. S’il n’y a pas de vision artistique qui guide ce que tu fais, tu vas survivre trois ans avec ton hit calqué sur telle autre toune tombée dans l’oubli, et puis tu disparaîtras à ton tour. Nos références ont toujours été plus orientées Beastie Boys et Wu-Tang Clan, où le public ne consomme pas que de la musique, mais bien un univers au complet. On a toujours voulu voir plus loin, dream big.»

Notorious_Paul-LabontéBarbiers pour la gent masculine jet-set

Cabinet d’alcools haut de gamme, poteau de barbier Versace, service de conciergerie de luxe (lire: à bord d’une Rolls-Royce)… Difficile de deviner qu’il s’agit ici de Notorious, un salon de barbier qu’ont ouvert Gemayel et son ami-entrepreneur Corey Shapiro (de la compagnie Vintage Frames) l’automne dernier dans le quartier Saint-Henri. Aux dernières nouvelles, le sort capillaire de toute l’équipe du Canadien de Montréal reposait entre les mains des stylistes de Notorious. «Déjà, c’est crampant, parce qu’on est tous les deux chauves, s’amuse Gemayel. On voulait juste créer une destination à Montréal où on te garantit une bonne coupe de cheveux, où tu peux te faire tailler la barbe en utilisant de bons produits, au lieu de te retrouver chez l’Italien du coin qui fait des coupes à sept piastres vraiment dégueues. Un endroit pour socialiser entre gars, où ça jase typiquement de cul et de sport!»

Chromeo, le 1er mai au Corona
White Women, en magasin le 12 mai

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Chromeo – Come Alive from Alex Southam on Vimeo.

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