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Questions en rafale avec l’auteur Daniel Canty

Photo: SOPHIE G-BERGERON

Daniel Canty est un artiste multidisciplinaire. Il touche à la littérature, au cinéma et au théâtre, aux arts visuels et médiatiques et au design. De l’été à la fin de 2014, il occupera le Studio du Québec à Londres, en Angleterre.

Que lisez-vous présentement?
The Swimming-Pool Library d’Allan Hollinghurst, parce que je suis en résidence à Londres, et que son titre m’invitait en son secret. Le fil perdu, un essai, en apparence très compliqué, mais profondément compassionnel, de Jacques Rancière sur la narration moderne. Étrangement, il y revient constamment sur des auteurs du labyrinthe londonien. […]

Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture?
Ma main gauche: j’ai appris à écrire avant d’entrer à l’école, en regardant mon grand frère, qui était gaucher, faire ses devoirs. Dès que j’ai su ce qu’était écrire, et ce qu’était un écrivain, j’ai voulu devenir écrivain. Mes professeurs n’ont pas réussi à corriger mon penchant calligraphique : encore aujourd’hui, je pratique, de la main droite, une prose de la main gauche.

Chaque écrivain a des routines d’écriture qui lui sont propres, quelles sont les vôtres?
Noter mes rêves, s’il y a quelque chose à noter. Me rendre au café comme au bureau, pour y laisser le temps, et la caféine, percoler en moi, et écrire autant que j’en ai l’élan, sur cette table de montage qu’est l’ordinateur, avant la fin de la matinée. Les après-midi sont consacrés à l’errance, pédestre et mentale, qui est une forme de recherche indirecte. L’écriture est un ressort intime, et une activité d’extérieur.

En tant qu’auteur, quelle est votre plus grande peur?
Enfant, une émission dont le personnage principal, dérobant une pièce d’échec, se retrouvait captif du monde de l’échiquier, me remplissait d’effroi. J’ai parfois peur de m’égarer si loin dans la fiction que j’en deviendrais étranger à moi-même.

Quelle est votre expression ou citation favorite?
«Il pleut. Il ne pleut pas.» (Samuel Beckett) Pourtant il fait grand soleil à Londres depuis des semaines.

Quel livre auriez-vous aimez écrire?
Les villes invisibles d’Italo Calvino. D’ailleurs, j’ai parfois l’impression, vite dissipée — ce livre contient tant de possibilités qu’il fini par déborder de lui-même — que c’est exactement ce que je suis en train de faire. Les livres que nous aimons finissent par écrire les nôtres.

Quel est votre pire défaut en tant qu’auteur?
De vouloir tout faire en même temps – de croire, aussi, que c’est un défaut.

De quoi êtes-vous le plus fier en tant qu’auteur?
D’avoir essayé de tout faire en même temps, et des moments où je crois que ce n’est pas un défaut. Aussi, d’avoir réconcilié l’art de l’écriture avec toutes sortes de disciplines – d’abord celle de la conception de livres – qui, à première vue, peuvent lui sembler étrangères, ou peu propices.

Que préférez-vous dans l’écriture? Qu’aimez-vous le moins?
Écrire est un geste physique, une forme de présence qui permet, du bout des doigts, de rejoindre le monde, de se glisser dans un point de vue qui n’est pas que le nôtre. Écrire entraîne aussi un certain sentiment d’invisibilité. C’est une vision de nulle part, qui apeure autant qu’elle conforte. Je crois que ce que j’aime le moins c’est d’avoir à expliquer ce que j’écris.

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