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Ce qu’il ne faut pas dire: peur du bonheur

Photo: collaboration spéciale

Pourquoi souffrir si on peut se dérober? C’est ce comportement qu’adopte l’héroïne du film Ce qu’il ne faut pas dire. «J’avais le désir de parler de choses importantes sur un ton léger, confie en entrevue la réalisatrice et scénariste Marquise Lepage. J’ai trois amis qui se sont suicidés en très peu de temps. Quand on est entouré de désespoir et qu’on est une créatrice, on a le goût de susciter de l’espoir. J’ai essayé de créer un peu de lumière pour des émotions qui sont souvent difficiles à expliquer.»

C’est ainsi qu’elle a imaginé Annick (Annick Fontaine), une femme cocasse et attachante qui a tendance à prendre la poudre d’escampette dès qu’elle entend les mots «je t’aime». Son passé est parsemé d’expériences difficiles, ce qui la pousse à ne jamais s’engager totalement.

«Les relations aujourd’hui sont plutôt de l’ordre de la consommation, fait remarquer Annick Fontaine, une habituée du théâtre qui trouve ici son premier rôle au cinéma. Il y a tellement de réseaux pour rencontrer des gens que ça devient facile. Ce n’est pas grave si ça ne marche pas, il y en aura un autre. Il n’y a plus d’efforts à faire. Dès qu’il y a quelque chose qui vient te confronter à tes peurs ou à tes peines, c’est facile de te retirer.»

Fiction qui emprunte parfois au documentaire, Ce qu’il ne faut pas dire peut sembler moins engagé que les projets précédents de la cinéaste (comme Martha qui vient du froid sur le sort des Inuits dans les années 1950), mais il n’en est rien, s’il faut se fier à Annick Fontaine.

Ce qu'il ne faut pas dire Marquise Lepage«Marquise est engagée pas mal dans toute! C’est important pour elle de parler de la mort de ses amis, de dire comment il faut aimer dans la vie, ne pas avoir peur d’être vulnérable. Ces valeurs sont fondamentales pour elle.»

«Pour moi, l’humour, c’est la vie. Après tout ça, oui, il y a la souffrance et la mort. Mais même si l’univers est en train de te tomber sur la tête, la vie continue.» – Marquise Lepage, réalisatrice et scénariste de Ce qu’il ne faut pas dire, un film ludique et lumineux où le drame joue du coude avec la comédie et la romance

L’aventure de Ce qu’il ne faut pas dire a été une odyssée qui a duré plusieurs années. Réalisé sans l’apport des institutions, le long métrage a bénéficié de la détermination de sa cinéaste – qui a vendu sa maison pour pouvoir le réaliser –, d’une campagne de financement et de l’apport des nombreuses personnes impliquées. «On a fait ça avec beaucoup de conviction et d’amis, relate la metteure en scène. Tout était plus long et compliqué que prévu. Mais en même temps, ça donnait une sensation d’appartenance à beaucoup de gens. C’était très touchant de voir toute l’équipe qui était là, cette générosité-là. Pas parce que ces gens allaient avoir un gros chèque, mais parce qu’ils croyaient au projet.»

Ce qu’il ne faut pas dire
En salle dès vendredi

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