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4488 de l’Amour: Maison mobile

Stéphanie et Mélanie Boulay Photo: Josie Desmarais/Métro

C’est en grande partie sur la route que les sœurs Boulay ont conçu les chansons de leur deuxième opus, dont le titre, 4488 de l’Amour, évoque la quête d’un foyer stable où on se sent bien.

Aux chansons qui sentent la route, le grand vent et les balades en voiture se mêlent celles qui racontent le nid familial, la maison de vacances où on va entre amoureux ou un lit confortable sur une île indienne. Sur leur deuxième album, Mélanie et Stéphanie Boulay chantent l’amour, la famille, les escapades au loin et le réconfort du chez-soi. Pas étonnant que les remerciements sur la pochette de 4488 de l’Amour se terminent par un: «Merci voyages. Merci garçons», puisque ce sont là les deux sources d’inspiration les plus manifestes de l’opus. Les textes sont souvent nés en tournée, entre deux tests de son, le matin dans une chambre d’hôtel, ou quand les filles sont parties en voyage pour le plaisir et rencontré des gens (des garçons, on s’en doute) qui ont nourri leur inspiration. Parce que, les deux frangines ne s’en cachent pas, elles puisent beaucoup dans leur vécu pour composer.

«Ça va plus loin qu’une envie d’écrire, c’est un besoin d’écrire qui nous pogne violemment, décrit Stéphanie Boulay. C’est quelque chose que je n’ai jamais ressenti autrement qu’en écrivant une chanson, ce sentiment que je tiens quelque chose, c’est indescriptible.»

Pourtant, à la suite de l’immense succès de leur premier disque, Le poids des confettis, les sœurs Boulay n’ont pas été à l’abri de quelques remises en question. Auraient-elles encore des choses à dire? «On avait peur de devenir une caricature de nous-mêmes en essayant de reproduire une magie qui n’y serait peut-être plus, explique Mélanie. Le premier disque était sorti de manière très naturelle, un peu naïve, sans qu’on se pose de questions ou qu’on se demande à qui on s’adressait. On avait juste écrit comme on avait envie d’écrire.» «Et au final, cette fois-ci aussi, on a juste essayé d’écrire ce qui avait envie d’exister. C’est vraiment un album très intime, on l’a fait avec le plus de naturel possible, et ça parle pas mal de ce qu’on a vécu», ajoute Stéphanie, précisant qu’elle et Mélanie préfèrent garder floue la ligne entre ce qui est réel et ce qui est imaginé dans leur œuvre.

Écrites surtout en duo, contrairement aux pièces du Poids des confettis qu’elles avaient plutôt créées chacune de son côté, les chansons de 4488 de l’Amour portent bien sûr la griffe reconnaissable de ces Gaspésiennes d’origine, des harmonies vocales aux mots sans détour et empreints d’émotions sereines, mais elles se sont volontairement éloignées du côté «girly rose bonbon» qui enrobait leur premier essai. «On s’en permet un peu plus dans les textes, c’est un peu plus cru, un peu plus brut, un peu plus dense, fait remarquer Stéphanie. On va plus en profondeur.»

Soeurs Boulay
Photo: Josie Desmarais

La densité se constate aussi dans les arrangements, signés Philippe B, qui agit à nouveau comme réalisateur.

L’ensemble, essentiellement enregistré en une semaine dans une maison à Valcourt, est plus léché, plus coloré, plus riche que l’effort précédent, décrit Stéphanie, qui précise néanmoins que l’émotion n’a pas été compromise pour autant. «Souvent, on choisissait la prise qui était moins parfaite, mais dans laquelle on ressentait le plus de choses, se souvient la blonde chanteuse. Parfois, en réécoutant certaines notes, on se disait: “Woh, c’est pas juste, juste!”, mais on préférait garder cette prise-là parce que l’intention et l’émotion étaient là, parce qu’on avait ressenti quelque chose en l’enregistrant.»

Elles s’offrent par ailleurs une nouvelle chanson signée Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque), qui, après Ton amour est passé de mode et Ôte-moi mon linge, est cette fois derrière Jus de boussole, dans laquelle une fille se défait de l’emprise d’un ancien amoureux. «C’est parti d’un couplet qu’il avait écrit, et qui ressemblait beaucoup à ce que Mel était en train de vivre, raconte Stéphanie. Alors on a poussé dans ce sens-là. C’était lui qui écrivait, mais on amenait des idées, c’était vraiment une belle expérience de création. Il est vraiment bon pour se mettre dans la peau des autres, pour humaniser un sentiment qui n’est pas forcément le sien.»

«Ce qui lie la plupart des chansons de l’album, c’est cette recherche d’un lieu où tu te sens chez toi, de gens avec qui tu es bien, d’une famille, d’un point d’ancrage, d’un endroit où tu peux être toi-même. Un cocon où tu peux trouver une certaine stabilité.» –Mélanie Boulay

Si les deux filles ont vécu des histoires de cœur parfois tumultueuses avant de donner naissance à 4488 de l’Amour, Stéphane Lafleur et Philippe B font partie des garçons qui resteront, eux, dans leur vie. «On croit beaucoup à ça, les relations à long terme dans le travail, sourit Stéphanie. Il y a aussi Alexandre Fallu, qui s’occupe de la sonorisation et qui est là depuis le début, Gabriel Gratton, qui a joué sur les deux albums, Jesse Mac Cormack qui jouait avec Mel même avant les sœurs Boulay et qu’on a invité à se joindre à 4488 de l’Amour. La quête de la maison dont on parle dans nos chansons nous amène à rester en terrain connu, à être fidèles à notre famille musicale.»

Et ce qui est bien dans le fait d’avoir une famille musicale, c’est qu’on peut l’emmener avec soi en tournée. Le nouveau spectacle des filles sera en rodage dès la fin du mois, puis elles entameront leur tournée officielle avec la rentrée montréalaise du 11 février. «C’est sûr que ça va être différent de la première tournée, parce que cette fois-ci, on sait à quoi s’attendre, affirme Mélanie. Et on a décidé aussi qu’on allait apprendre à dire non plus souvent. On veut garder du temps pour nous, pour voir nos amis, faire du sport, pour vivre!»

Soeurs Boulay
Photo: Josie Desmarais

Les yeux vers les autres
Deux chansons de 4488 de l’Amour s’éloignent des morceaux à saveur personnelle et sentimentale auxquels le public des sœurs Boulay est habitué. Dans Langue de bois, elles chantent: «J’ai envie de crier / Mais ma langue de bois / Je la tourne cent fois / Si le cadenas peut lâcher / Vous allez y goûter…», pour enchaîner avec De la noirceur naît la beauté, une chanson qui évoque avec subtilité les mesures d’austérité du gouvernement du Québec.

«C’est le moment de l’album un peu plus engagé, mais c’est une chanson pleine d’espoir, qui ne se veut pas moralisatrice», fait remarquer Mélanie. «On parle beaucoup au “je”, dans nos chansons, et j’aimerais ça, éventuellement, être capable de tourner mes yeux davantage vers l’extérieur, ajoute Stéphanie. Sans que ça soit nécessairement par la musique, on a envie de s’impliquer dans des causes environnementales, par exemple. Avoir un public, ça veut dire que tu as une voix, et qu’il faut que tu t’en serves d’une façon constructive.»

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