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Gilles Surprenant rejette la faute sur les entrepreneurs

Photo: ceic.gouv.qc.ca

C’est un nouvel homme qui s’est présenté devant la Commission Charbonneau mercredi. Depuis jeudi dernier, c’est un témoin hésitant et mal à l’aise qui avouait avoir touché des pots-de-vin. Mercredi, l’homme avait repris de l’assurance et se défendait d’avoir fait partie d’un «système». «Le phénomène de corruption, c’est un phénomène qui provient des entrepreneurs, a soutenu Gilles Surprenant. À la base, un fonctionnaire n’est pas corrompu, dans mon cas en tout cas. Il se fait corrompre.»

L’ex-ingénieur dit avoir perçu 600 000 $ en pots-de-vin entre 2000 et 2009, parfois 22 000 $ d’un coup. Après analyse de 91 contrats devant la commission, Métro arrive toutefois à un total de 706 000$.

En échange d’argent, M. Surprenant a trafiqué les devis pour faire augmenter les budgets de 30 %, ce que lui a rappelé la présidente France Charbonneau. M. Surprenant a plaidé que les entrepreneurs intimidaient les fonctionnaires. Pourtant, lundi, il a reconnu qu’il lui arrivait parfois d’appeler les entrepreneurs pour réclamer son dû.

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Un peu plus tard, il est revenu à la charge en déclarant que personne à la Ville ne voulait de ce système de collusion, lui-même souhaitait une «carrière normale».

Et pourquoi n’avez-vous pas dénoncé ce système?, se sont enquis la présidente Charbonneau et le procureur Denis Gallant.
«Tout le monde était au courant chez nous. J’en parlais ouvertement à mes supérieurs. Je pense que ce n’était pas mon rôle à moi, directement, simple fonctionnaire, d’appeler la police pour ça, s’est défendu M. Surprenant. Mes patrons étaient au courant de cette situation-là et, pendant neuf ans, il n’y a pas grand-chose qui a été fait.»

À nouveau, la présidente lui a fait remarquer qu’il a avait profité du système. M. Surprenant a cette fois déclaré qu’il avait retourné les sommes, en majorité. En août dernier, il a remis 122 800 $ aux enquêteurs de la commission. Près de 300 000 $ ont aussi été joués au Casino. L’homme a affirmé très sérieusement jeudi dernier qu’il s’agissait d’une façon de redonner l’argent à l’État, de payer un impôt.

En 2009, les versements des pots-de-vin auraient cessé. Il reconnait toutefois avoir fait grimper les budgets de quelques contrats en guise de service aux entrepreneurs, mais ces derniers n’ont pas cru bon le payer.

En novembre 2009, il a pris sa retraite après une carrière de 33 ans. Le commissaire Renaud Lachance lui a demandé si cette décision avait été prise en raison de la création de l’Escouade Marteau. «Peut-être inconsciemment», a-t-il soutenu, ajoutant que sa décision était surtout motivée par les ennuis de santé de sa famille.

Expertise externe ignorée
En 2005, la Ville a donc mandaté la firme Macogep pour analyser certains contrats. Cette dernière a conclu que les budgets de trois projets étaient trop élevés, ils ont donc été annulés.

Pourtant, l’année suivante, la Ville a octroyé ces trois contrats pour des budgets supérieurs à ceux prévus en 2005. Les entrepreneurs avaient truqué les appels d’offres et Gilles Surprenant a touché 22 000$ en pots-de-vin. Les affaires ont repris leur cours jusqu’en 2009.

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