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Commission Charbonneau: défilé d’entrepreneurs frustrés

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

Trois entrepreneurs sont venus raconter lundi devant la Commission Charbonneau leurs déboires et leurs frustrations de n’avoir pas pu percer le marché montréalais.

C’est l’histoire de Piero Di Iorio qui a le plus retenu l’attention. M. Di Iorio travaillait pour l’entreprise familiale lorsqu’il a appris à l’âge de 18 ans qu’il ne pouvait pas soumissionner à Montréal. «On n’avait pas le droit», s’est-il fait répondre après avoir posé la question à son père. Selon lui, comme il n’était pas Sicilien, il ne pouvait pas faire partie «du groupe», c’est-à-dire du cartel d’entrepreneurs qui se partageaient les contrats à Montréal.

Vers 1985-1990, il a toutefois décidé de défier cet accord tacite en soumissionnant sur un contrat. Il a fait l’erreur d’informer Joey Piazza, de l’entreprise TGA, de ses intentions trois heures avant la fin du dépôt des soumissions.

Les événements qui suivent sont dignes d’un scénario de film. Alors qu’il se rendait en voiture à l’hôtel de ville pour déposer sa soumission, M. Di Iorio s’est fait prendre en chasse par Joey Piazza et son frère Johnny.

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S’en est suivi une poursuite en voiture. M. Di Iorio s’est alors fait prendre en souricière, engouffré par la voiture de Joey Piazza. Il aurait ensuite réussi à sortir par la fenêtre de la voiture. Un homme, un agent de la GRC, se serait alors arrêté sur l’accotement de la route. Il aurait accepté de le reconduire, à l’hôtel de ville à 5 minutes de la fin des ouvertures. L’entrepreneur n’était pas le plus bas soumissionnaire et n’a pas eu le contrat.

Lorsqu’il a fait savoir aux entrepreneurs du cartel qu’il voulait obtenir des contrats, Giuseppe Zambito, croit-il, l’avait informé que, s’il obtenait un contrat à Montréal, il aurait une cote de 5% à payer à Nic Milioto. Ce dernier était l’intermédiaire entre la mafia et les entrepreneurs.

Il a reconnu avoir fait quelques soumissions de complaisance avant d’abandonner le secteur des contrats publics pour se concentrer sur les contrats privés. Sa femme, Danielle Poitras, présidente de leur entreprise, Excavation DP, a été condamnée pour fraude en 2007. L’entreprise a fait faillite en 2008. Son témoignage se poursuit mardi.

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