Réunions discrètes derrière les portes closes d’un club privé

Photo: www.ceic.gouv.qc.ca

Quel fonctionnaire ou élu a rencontré tel entrepreneur ou tel représentant de firme de génie-conseil? À quelle date et en compagnie de qui? Voilà le genre d’information que possède le club très sélect, le 357-C, et qui a été remise à la Commission Charbonneau.

Erick Roy, enquêteur de la commission, qui a travaillé pour l’escouade Marteau et qui a analysé la liste de membres et d’invités de ce club privé situé sur la rue de la Commune dans le Vieux-Montréal, a ainsi été appelé à la barre des témoins de la commission mardi.

C’est Elio Pagliarulo, qui a témoigné devant la commission le 29 octobre, qui avait mis la commission sur la piste du 357-C au cours de rencontres préliminaires. Selon cet ancien ami de l’entrepreneur Paolo Catania, des échanges d’argent s’y sont déroulés.

Le club a donc fourni certaines informations de sa banque de données concernant quelques personnes. Les enquêteurs de la commission en ont tiré un document de 10 pages que les procureurs entendaient déposer mardi. Ce document contient les noms de certains membres et de leurs invités ainsi que les dates de leurs rendez-vous.

C’était sans compter sur l’avocat du Parti libéral du Québec (PLQ), Me Michel Décary. Après que le procureur en chef adjoint, Me Denis Gallant ait présenté la première page du document, Me Décary s’est interposé évoquant la possibilité de recourir à une ordonnance de non-publication. L’avocat souhaitait empêcher la divulgation de deux noms sur cette liste.

La présidente France Charbonneau a demandé, sur un ton irrité, pourquoi elle n’avait pas été informée plus tôt de cette requête. Me Décary a expliqué qu’il avait une conférence le matin même et n’a pas pu prendre connaissance du document plus tôt.

Une entente est finalement survenue entre Me Décary et les procureurs. Me Décary devait contacter ses clients mardi soir et renoncerait mercredi à demander une ordonnance de non-publication. D’ici là, seule la première page du document a été dévoilée.

M. Roy a donc pu poursuivre son témoignage. Déjà, cette seule page a permis de constater une proximité entre certains entrepreneurs, certains fonctionnaires de la Ville de Montréal et certaines firmes de génie-conseil. Ces rencontres en ce lieu démontrent également que ces gens souhaitaient que leurs rendez-vous restent discrets. Parmi ces personnes, on retrouve plusieurs des accusés de fraude et complot dans l’affaire du Faubourg Contrecoeur.

Quelques personnes qui se sont rencontrées au Club 357-C en 2005-2006:
Paolo Catania, des Constructions F. Catania, Pasquale Fidele, ancien administrateur de Constructions F. Catania, Martial Filion, ex-directeur général de la Société d’habitation et de développement de Montréal et ex-chef de cabinet du maire de Montréal Gérald Tremblay, Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal. Ces personnes ont été arrêtées en mai dernier par l’escouade Marteau et accusées de fraude et de complot dans l’affaire du Faubourg Contrecoeur.

On retrouve également Robert Marcil, ex-directeur du service de réalisation des travaux à la Ville de Montréal, Bernard Trépanier, Collecteur de fonds pour le parti politique de Gérald Tremblay et l’ingénieur corrompu Luc Leclerc.

Au rang des firmes de genie-conseil qui se sont réunies avec un entrepreneur et/ou un fonctionnaire, citons Groupe SM, Dessau, Génius (ex-Groupe Séguin) ou Cima +.

Le Club s’explique
De son côté, le Club 357C a publié un communiqué en fin de journée pour dire qu’il a collaboré avec la commission comme tout club de golf ou autre doit le faire, puisqu’il s’agit d’une instance judiciaire.

«Le 357C s’est donc entendu avec la Commission pour ne fournir que les informations reliées directement aux personnes qui étaient sous enquête, ceci afin de protéger la confidentialité des activités de tous les autres membres du 357C qui n’ont rien à voir avec l’enquête de la Commission», écrit-il.

«Il serait malheureux et inacceptable que les actions d’une très petite minorité des clients du 357C aient un impact négatif sur l’image du club et de ses membres», poursuit-il.

Le club privé souligne que ses règlements précisent qu’il «collaborera entièrement avec tout corps judiciaire légitime s’il y a enquête sur un des membres». (La Presse Canadienne)

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