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Des appuis de taille pour une commission sur le racisme systémique

Photo: Mario Beauregard / TC Media

Projet Montréal réclame la création d’une commission sur le racisme systémique, appuyant ainsi une proposition formulée par des organismes de Montréal-Nord et soutenue par près de 130 citoyens, dont de nombreuses personnalités influentes.

Le parti d’opposition officielle appuie les co-auteurs et signataires d’une lettre ouverte sommant le premier ministre Philippe Couillard de mettre en place une commission sur le racisme systémique. Un appel déjà lancé le 20 avril par Montréal-Nord Republik et Montréal-Noir à la suite du décès de Bony Jean-Pierre, touché après une intervention policière dans Montréal-Nord le 31 mars.

«La discrimination systémique est encore très présente au Québec, assure dans un communiqué Luc Ferrandez, chef de Projet Montréal. Tous les pans de la vie citoyenne, de l’économie à l’emploi, en passant par la politique, sont teintés par des inégalités qui touchent certains groupes de façon systématique.»

«Il est temps d’agir pour faire disparaître ces écarts et enfin bâtir une société qui ne réduira pas son désir d’égalité à de simples discours, reprend l’élu du Plateau-Mont-Royal. Québec a un rôle important à jouer dans cette démarche, mais Montréal ne peut se permettre de rester les bras croisés.»

«On vit beaucoup dans le déni»
La lettre envoyée au premier ministre du Québec révèle notamment qu’en 10 ans, «la population carcérale autochtone avait augmenté de 46,4 %, celle des Noirs de 90 % [tandis que] celle des personnes blanches avait diminué, malgré un taux de criminalité similaire».

L’un des co-auteurs, Haroun Bouazzi, assure qu’«il y a un tabou au Québec autour de la notion du racisme.»

«Il faut se regarder en face et prendre des décisions, clame le coprésident de l’Association des musulmans et des arabes pour la laïcité au Québec. On vit beaucoup dans le déni, mais il faut arrêter d’avoir peur. Il est nécessaire d’admettre le problème pour apporter des solutions.»

«Une violence sournoise»
Parmi les reproches et faits soulignés, on pointe également du doigt le faible nombre d’élus issus des communautés «racisées» (cinq députés sur 125 à l’Assemblée Nationale, 4 sur 103 à la ville de Montréal), le manque de représentativité parmi les fonctionnaires (5,9 % dans l’administration montréalaise, contre 30 % de la population) ou encore les nombreux stéréotypes véhiculés.

«C’est une violence sournoise, révèle Kerlande Mibel, candidate défaite à l’élection au poste de maire de Montréal-Nord, qui appuie également cette demande. Il n’y a pas forcément d’injure ou de violence physique, mais beaucoup vivent ce problème au quotidien et se taisent pour ne pas qu’on leur reproche de jouer les victimes. Il est temps d’agir.»

Un sentiment partagé par Fabrice Vil, fondateur de l’organisme Pour 3 Points. «On veut un meilleur vivre-ensemble et une société plus égalitaire. Pour y arriver, on n’a pas le choix. Il faut se questionner sur cet enjeu du racisme systémique, nommer ce problème, mettre une lumière.»

Des signataires reconnus
Le sociologue Gérard Bouchard et Charles Taylor, auteurs d’un rapport nommé «Le temps de la conciliation» font notamment partie des signataires de cette lettre, tout comme Gabriel Nadeau-Dubois, l’un des leaders des manifestations du printemps érable. La politicienne Samira Laouni, la journaliste Toula Drimonis ou encore l’ex-député Jean Dorion font également partie des signataires.

Une pétition sera lancée dans les jours à venir sur Internet et devrait être déposée par la suite à l’Assemblée Nationale.

Ni la Ville de Montréal, ni le bureau du premier ministre n’ont pour l’instant réagi.

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