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Coupable de fraudes électorales

« Coupable! » Le verdict est tombé. Le juge Fortin de la Chambre criminelle et pénale du Québec a tranché : alors que Daniel Fournier était employé par la Ville de Montréal-Est, « il s’est livré à un travail de nature partisane au profit de candidats de l’Équipe Renaissance », ce qui constitue une manœuvre frauduleuse. M. Fournier songe à en appeler de la décision.

En plus de devoir payer 1000 $, celui qui devait prendre la tête de l’Équipe Rennaissance ne pourra pas exercer son droit de vote ni se présenter aux élections municipales pour les cinq prochaines années. Pour M. Fournier, c’est un rêve de jeunesse qui s’envole.

« Je rêve de cela depuis que j’ai 17 ou 18 ans. La Ville m’a beaucoup donné et je voulais lui en redonner. Si je ne peux pas me présenter ni aux élections de 2013 ni à celles de 2017, oubliez ça. Je ne serais plus aussi présent aux assemblées. J’y vais parce que je veux que les gens voient que je suis toujours là et que je connais les rouages », a expliqué M. Fournier.

Le procès

« Je ne suis pas du tout d’accord avec l’interprétation du juge. Il y a des bouts qu’il n’a pas compris », a commenté M. Fournier. Dans sa décision, le Tribunal a conclu qu’il « a obtenu six semaines de vacances de [la Ville] afin de mieux organiser cette campagne [électorale de 2009] pour son épouse et les autres candidats de l’Équipe Renaissance, y compris le maire sortant. »

Si le juge a cru les témoins de la poursuite, il en va tout autrement des témoignages du couple Fournier-Dauphinais et de celui de M. Labrosse. Dans le jugement, après l’énumération d’une série d’incohérences relevées par la cour, on peut y lire que « le Tribunal n’a d’autre choix que de rejeter l’ensemble du témoignage [de M. Fournier] pour manque flagrant de crédibilité ». Plus loin, il dira la même chose du témoignage de Mme Dauphinais, allant jusqu’à écrire « en fait de scénario burlesque, on peut difficilement faire mieux ».

Deux autres témoins ont été appelés par la défense de M. Fournier. Le juge estime toutefois que le témoignage de la citoyenne Julie Peccia a « apporté peu au débat. La même chose peut être dite concernant le témoignage de Michel Bélisle ».

Outre les conseillers Dauphinais et Bélisle, les conseillers Monique Major et Alain Dion, aussi membres de l’Équipe Renaissance au moment de l’élection de novembre 2009, ont été appelés à témoigner. Cette fois pour la poursuite.

Lors de leurs témoignages, tous les candidats aux élections et M. Fournier ont affirmé que toutes les réunions de l’équipe s’étaient tenues chez le couple Dauphinais-Fournier. Mais Mme Major et M. Dion ont ajoutés que M. Fournier donnait des directives ou des conseils aux candidats. M. Dion a mentionné que ce dernier récoltait les intentions de vote et il l’a décrit comme « l’organisateur politique de l’Équipe Renaissance, ajoutant qu’ils avaient fait cette campagne électorale ensemble ».

Des fonctionnaires qui, à l’époque, étaient subalternes à M. Fournier ont également été appelés à témoigner. Elles ont toutes deux mentionné qu’à la suite d’une lettre du service du greffe de la Ville, les informant qu’elles ne pouvaient pas faire de travail partisan, elles avaient manifesté leurs réticences aux demandes de M. Fournier.

Malgré cela, la chef de la division des communications et des services à la communauté pour la Ville, Francine McKenna, a décrit comment M. Fournier avait « insisté pour qu’elle effectue des corrections » sur des programmes politiques et des encarts publicitaires. De son côté, la secrétaire de direction à la division des communications et des services à la communauté, Marie-Claude Bonnasserre, a raconté s’être fait demander par M. Fournier de faire « la correction de textes et leur mise en page relativement à des documents de l’Équipe Rennaissance ». Toutes deux ont mentionné avoir été victimes de harcèlement.

Si pour M. Fournier le travail de correction n’est pas un travail partisan, pour le juge « il ne fait aucun doute que la correction de matériel publicitaire, comme le programme d’un parti et la présentation des accomplissements et des objectifs de ses candidats, rend le message beaucoup plus efficace. »

Malgré leur témoignage assassin, M. Fournier n’en veut pas aux fonctionnaires qui selon lui ont agi pour ne pas perdre leur poste à la Ville. Mais, il se demande qui a porté plainte contre lui. Il soutient également que le maire actuel, Robert Coutu, a tout fait pour l’éliminer de la scène municipale, en commençant par son congédiement, survenu au lendemain de l’élection de 2009. Enfin, il croit que la Ville souffrira de son absence. « Je veux redonner aux citoyens les services qui ont été perdus […] il n’y a pas grandes choses ont été faits depuis que M. Coutu est au pouvoir. »

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