Saint-Léonard: Aucun développement cyclable depuis cinq ans
Depuis 2011, aucun lien cyclable n’a été réalisé à Saint-Léonard, alors que les cinq arrondissements limitrophes comptabilisent à eux seuls plus de 100 projets.
La dernière réalisation à Saint-Léonard remonte à 2010, alors que la bande cyclable de la rue Saint-Zotique, permettant de réunir les arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Anjou a été réalisée. Toutefois, ce tronçon ne fait que 1,1 km. Depuis, le dossier stagne malgré la volonté des élus.
Pourtant, les arrondissements qui entourent Saint-Léonard ont bonifié leur réseau. De 2011 à 2016, Anjou a ajouté trois liens cyclables au réseau montréalais, et Montréal-Nord, neuf. Les arrondissements de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et Rosemont–La Petite-Patrie ont été encore plus proactifs, réalisant respectivement 27, 20 et 43 bandes ou pistes cyclables.
Le manque de voies à Saint-Léonard est vu comme un anachronisme par certains.
«Il y a un manque flagrant d’installations. Seulement 10% de notre clientèle se déplace à vélo jusqu’à notre commerce. La plupart prennent leur voiture, car c’est plus facile de circuler ainsi», déplore Julien, un employé de Maglia Rosa Vélo Shop.
Selon Vélo Québec, la densité de certains quartiers explique la disparité de l’offre.
«La circulation automobile est plus difficile dans les quartiers centraux et le métro est saturé, ce qui y a motivé le développement d’un réseau cyclable», explique Marc Jolicoeur, directeur de la recherche à Vélo Québec.
Un défi
Sans nouveau lien cyclable, le réseau léonardois demeure une boucle qui permet difficilement de sortir de l’arrondissement.
Les élus affirment vouloir développer le réseau cyclable, mais ils font face à un défi de taille : l’autoroute métropolitaine. Celle-ci sépare le secteur en deux et peu de rues la traversent.
«[Les rues] Langelier, Lacordaire et Viau sont trop dangereuses pour les cyclistes», affirme le conseiller de Ville Dominic Perri.
L’administration locale se penche depuis quelques années sur la possibilité de développer une voie cyclable sur la rue du Champ d’Eau, à l’extrême est du territoire. Cette route permettrait de relier les arrondissements de Saint-Léonard et d’Anjou.
«Nous attendons toujours l’information [pour savoir] si c’est faisable. On nous a dit au départ que le viaduc du Champ d’Eau serait démoli, mais là, il est en réparation. Tant que nous n’aurons pas d’information définitive sur la situation, nous ne pourrons aller de l’avant», explique M. Perri.
Le projet est alors sur la glace. Selon l’élu, l’arrondissement se penchera sur d’autres liens cyclables, notamment est/ouest, lorsque la connexion vers Anjou sera réalisée.
Peu d’utilisateurs
Selon le conseiller de Ville, «l’absence» de demande citoyenne explique la faiblesse de l’offre.
«Je n’ai pas eu beaucoup de demandes de créer un lien cyclable à Saint-Léonard. Je ne crois pas que les cyclistes ont besoin d’un circuit déterminé. Je crois qu’ils préfèrent circuler librement dans nos rues», souligne M. Perri.
Toutefois, selon Julien, Saint-Léonard compterait beaucoup plus d’utilisateurs s’il y avait les aménagements nécessaires.
«Aucun cycliste n’a la volonté d’aller se “garrocher” dans le trafic. Nous avons tous peur de nous faire ouvrir une portière devant nous. S’il n’y a pas de voie sécurisée, les usagers ne se déplaceront pas dans ce secteur. Il faut des infrastructures pour créer la demande», estime ce cycliste assidu depuis plus de sept ans.
Les usagers devront s’armer de patience, car la ville-centre n’a pas prévu développer de lien cyclable dans l’arrondissement en 2016-2017.
Voies cyclable
Sur les 730 km de voies cyclables à Montréal, l’arrondissement de Saint-Léonard en compte 10 km. Outre celle sur Saint-Zotique, un circuit, qualifié de récréatif, fait le tour de six parcs, soit Coubertin, Luigi-Pirandello, Wilfrid-Bastien, Delorme, Ferland et Pie-XII.