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Célébrer ses 50 ans entre fierté et précarité

Photo: (Photo: Gracieuseté - Carrefour)

C’est avec un sentiment de fierté, mais teinté de crainte, que les membres du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles ont célébré leur 50e anniversaire. Un panneau commémoratif, maintenant accroché sur la façade de la bâtisse de la rue du Centre, met de l’avant le passé, le présent, mais surtout le futur précaire de l’organisme communautaire qui offre des ateliers éducatifs visant l’amélioration du système social.

En février dernier, sous peine d’expulsion de leurs locaux, le centre d’éducation populaire a été contraint de signer un bail avec la Commission scolaire de Montréal (CSDM) le sommant de payer un loyer dès 2023, alors que l’organisme est logé gratuitement depuis un demi-siècle.

Ce contrat mentionne également que l’organisme devra assumer dès juin des frais d’occupation s’élevant à 79 000$. Chaque année, le ministère de l’Éducation assume ces frais, mais le Carrefour ignore toujours si ce sera le cas cette fois.

«On fait beaucoup de représentations politiques pour obtenir un financement à long terme, souligne le coordonnateur du Carrefour, Nicolas Delisle-L’Heureux. On ne sait jamais si on aura l’argent et on est essoufflé de se battre. Présentement, on dépense énormément d’énergie à survivre et moins pour remplir notre mission de base.»

Si le gouvernement refuse de payer, un sixième de son budget total de l’organisme sera déboursé pour l’électricité, le chauffage et l’entretien. «En payant ces frais, on ne survivrait qu’un an ou deux tout au plus. Et il faudrait couper plusieurs activités. Pour nous, c’est hors de question de retirer des services aux plus démunis pour payer pour du béton», ajoute M. Delisle-L’Heureux.

Selon lui, le caractère essentiel du Carrefour réside dans l’offre de formation et d’ateliers gratuits destinés aux gens vivant en situation d’isolement et de pauvreté, ce qui est de plus en plus rare dans un quartier en plein embourgeoisement.

Historique
En 1968, plusieurs résidents de la Pointe réalisent que les cours de français de base pour adultes donnés au Centre Charles-Lemoyne sont inadaptés à leurs besoins. Pour pallier ces lacunes, ils décident, ensemble, de former le Comité d’éducation de base de Pointe-Saint-Charles dans le sous-sol de l’église Saint-Charles. Ils y organisent des cours gratuits de lecture, d’écriture et de calcul accessibles à tous.

Petit à petit, la programmation se diversifie et on voit apparaître des ateliers de cuisine, des cours de soir et un service de garderie. À l’été 1970, le Comité est toutefois contraint de déménager à la demande de la paroisse. Il s’établit alors à l’école Sainte-Marie-Salomé, un bâtiment appartenant à la CSDM qui devait à la base être démolie, et y restera jusqu’à aujourd’hui.

C’est en 1973 que la CSDM reconnaît finalement le nom de Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles, ce qui permet à l’organisme d’obtenir une plus grande autonomie. Au fil des ans, l’organisme continue d’élargir ses activités, s’allie à plusieurs groupes d’alphabétisation populaire du Québec et devient un véritable lieu de référence pour la population immigrante.

Il s’agit maintenant d’une véritable maison de quartier où près de 1500 résidents de tous les horizons se retrouvent chaque année.

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