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Accident mortel sous l’Estacade: la CNESST blâme l’employeur

Photo: TC Media/Archives

Dans les instants précédant sa noyade sous l’estacade du pont Champlain en septembre, le contremaître Dany Cléroux avait détaché son harnais de sécurité. Onze mois plus tard, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), blâme l’employeur, Groupe T.N.T, pour le décès qui aurait pu être évité et expose la compagnie à une amende qui pourrait dépasser 60 000$.

Dans un rapport de 52 pages dévoilé mercredi à Montréal, la CNESST  blâme l’ex-employeur de M. Cléroux, affirmant qu’il n’a pas formé adéquatement ses employés dans le cas où ce genre de situation surviendrait en plus de dénoter des anomalies dans l’équipement du chantier, notamment un système de poulies solidifié avec de la broche métallique.

«En principe, le travailleur n’aurait jamais dû se retrouver sur la plateforme, selon les directives du manufacturier», explique l’inspectrice de la CNESST, Julie Casabon.

La Commission ne s’est pas contentée d’écorcher uniquement  l’employeur dans cette affaire. Lors de son point de presse, la CNESST a aussi insisté sur «la responsabilité de tous les acteurs» d’un chantier, en faisant référence à Pont Jacques-Cartier et Champlain (PJCCI), la société fédérale responsable de l’Estacade.

Pour sa part, PJCCI a indiqué dans un communiqué qu’elle avait rencontré Groupe TNT afin d’obtenir une copie de leur plan de redressement et qu’elle examinerait attentivement les conclusions du rapport d’enquête de la CNESST.
Groupe TNT fait face à cinq constats d’infraction, pour chacun desquels il devra payer entre 1 613$ et 12 889$. La CNESST ne peut pas préciser le montant total qui sera demandé et l’employeur aura la possibilité de contester les constats au cours des 30 prochains jours.

Broche métallique
«Aucune directive n’a été donnée par l’employeur quant aux règles à suivre en cas de blocage d’un palan», peut-on lire dans le rapport d’enquête.

Il est également possible qu’une anomalie dans le palan ait contribué à son blocage. Un des paniers à récupération de chaîne était rafistolé avec de la broche, ce qui est contraire aux directives du manufacturier des palans et aux normes de sécurité de la CNESST.

«L’accident aurait pu être évité si les employés avaient reçu une formation adéquate. Tout accident relève d’un manque de planification à la base», précise Mme Casabon.

Sans son harnais
Le 15 septembre 2015, le contremaître et ses cinq ouvriers doivent enlever quatre plateformes de travail utilisées sous l’Estacade. Un peu avant midi, ils installent sur une des plateformes des palans, un système de poulies avec une chaîne qui servent à tenir la structure pour la descendre dans une barge sous l’Estacade près de la pile #9.

Au moment de descendre la plateforme vers le fleuve, la chaîne d’un des quatre palans qui tiennent la plateforme se coince. Un des travailleurs tente de la débloquer en tirant dessus depuis la barge.

Après quelque essais infructueux de celui-ci, M. Cléroux remonte sur la plateforme sans son harnais de sécurité qu’il a enlevé peu de temps avant puisqu’il était n’était plus sur la plateforme. La chaîne du palan se déroule subitement et la plateforme se renverse. Le contremaître tombe alors dans l’eau et se noie. Son corps est finalement retrouvé et repêché en fin de journée.

Depuis cinq ans au Québec, 45 travailleurs ont perdu la vie des suites d’une chute de hauteur. Seulement dans la région de Montréal, six décès de ce type sont survenus au cours de la même période.

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