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La petite histoire d’un grand canal

Photo: Archives de la Ville de Montréal

Le canal de l’aqueduc est loin d’être un cours d’eau comme les autres. Creusé de main d’hommes au milieu du XIXe siècle pour fournir la population montréalaise en eau potable, il fait maintenant partie de la géographie du Grand Sud-Ouest, divisant le territoire de LaSalle et délimitant celui de Verdun.

Le Service de l’eau n’a pas toujours été public à Montréal. En 1800, le droit exclusif de fournir la ville en eau potable avait été accordé à Joseph Fobisher et sa Compagnie des propriétaires de l’Aqueduc de Montréal, mais des problèmes d’équipements et la demande grandissante l’empêchent de remplir ses obligations.

Les droits sont revendus et passent d’une entreprise à l’autre sans qu’aucune n’arrive à accomplir sa mission. Le débit des quelques ruisseaux et de la rivière Saint-Pierre est trop faible pour abreuver la population grandissante et l’eau puisée dans le port a mauvais goût à cause des nombreux déchets et des divers rejets.

Ce n’est qu’en 1847 que le gouvernement du Canada accordera enfin à la Ville de Montréal le droit d’acheter le service d’aqueduc, mais les infrastructures sont toujours insuffisantes.

Idée de génie
Dans la nuit du 9 juillet 1852, un grand incendie embrase Montréal et plus de 1000 maisons sont réduites en cendres, en partie à cause des trop faibles réserves d’eau.

Puisqu’une partie des installations de l’aqueduc est détruite dans le brasier, qui a clairement démontré l’inefficacité du réseau d’approvisionnement en eau, l’administration municipale de Charles Wilson, le premier maire élu, décide de repartir à neuf.

C’est l’ingénieur Thomas C. Keefer qui a l’idée de construire un canal ouvert qui prendrait sa source à 1,6 km (1 mile) en amont des rapides du Canal de Lachine et amènerait de l’eau pure jusqu’à la pointe nord-est de l’actuel Verdun, où se trouve maintenant l’usine de filtration Atwater.

Deux grandes roues hydrauliques actionnées par le courant allaient pomper l’eau jusqu’à un réservoir, toujours en fonction sur la montagne, à l’angle des rues McTavish et Carleton, cette dernière renommée boulevard du Dr Penfield.

En 1854, les travaux débutent. Les ouvriers creusent sur une longueur de 7,7 km le canal, qui faisait à l’époque 12 mètres de largeur et 2,4 mètres de profondeur.

La Ville s’engage également à construire des ponts l’enjambant pour chaque agriculteur de Verdun ou LaSalle, qui voit alors sa terre divisée en deux parties, un compromis nécessaire pour ces propriétaires qui, on le rappelle, ne sont pas montréalais à cette époque.

La majorité des structures qui traversent actuellement le cours d’eau portent encore leur nom, comme Galt, Crawford ou Stephens.

D’abord évalué à 150 000 livres sterling (GBP) (soit environ 22 M$ CAN d’aujourd’hui), ce grand chantier aura finalement coûté presque le double, soit 286 000 GBP.

Améliorations constantes
Dès le départ, des problèmes surviennent. Le canal gèle en hiver et les crues du printemps provoquent des inondations au Pavillon des roues, son point d’arrivée. Des travaux d’amélioration vont donc se poursuivre jusqu’en 1861.

Dès 1907, le Ville entreprend d’élargir le canal afin d’augmenter son débit. L’entrée d’eau sera également prolongée quelques années plus tard pour aller puiser plus loin dans le fleuve, à 350 mètres de la rive, afin d’éviter la pollution provoquée par la drave dans la rivière des Outaouais.

La qualité de l’eau sera aussi grandement améliorée avec l’apparition du processus de filtration. Après l’épidémie de fièvre typhoïde qui touche gravement la région en 1910, la Ville décide d’ouvrir une première usine de traitement au bout du canal de l’aqueduc. L’usine Atwater n’ouvrira cependant que huit ans plus tard, la Première Guerre mondiale ayant rendu difficile son financement.

L’usine, agrandie sept fois, est la deuxième plus importante du Canada et produit en moyenne 650 000 m3 d’eau potable par jour. Mais le canal de l’aqueduc en fournit encore plus, puisque son eau est également traitée par l’usine Charles-J.-Des Baillets, construite en 1973 à LaSalle, qui filtre presque deux fois plus d’eau potable que sa sœur verdunoise.

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