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Insalubrité dans Parc-Extension

Favereaux Anne-Laure - TC Media
Jeudi 10 novembre, les locataires du 8151, avenue Stuart ont été contraints de quitter leur logement. L’arrondissement a procédé à leur évacuation, à la suite d’un rapport de la Direction de la santé publique qui jugeait l’état d’insalubrité des logements dangereux pour leur santé.

Et pour cause, la moisissure se propageait sur le plafond et les murs du logement d’Ali Malik. Ses meubles, achetés neufs en juillet dernier, étaient entièrement tachés de champignons.

«Le médecin nous a dit de ne plus porter nos vêtements», expliquait le résident, souffrant d’asthme. Vitres brisées depuis des mois, fuites de la tuyauterie de l’évier, salle de bains dégradée… Les six logements du 8151, avenue Stuart, dont quatre étaient inhabitables, n’étaient visiblement pas entretenus par le propriétaire, Claudio Di Giambatista.

«Je ne savais pas qu’il y avait autant de problèmes, c’est de pire en pire. La fenêtre de la salle de bains est cassée, on ne peut pas l’ouvrir. Ce n’est pas bon mais que pouvons nous faire? C’est au propriétaire de réparer», déploraient Mme Rahnu et Mohamed Golam lors de la visite du Progrès Villeray-Parc-Extension, la veille de l’évacuation.

Chez Salmah Idar, une fois le rideau qui sépare la cuisine du reste de l’appartement levé, le spectacle est désolant. La fenêtre est brisée et l’évier est difficilement utilisable. «Je reste ici depuis deux ans, et cela n’a jamais été réparé. Le propriétaire a dit qu’il le ferait quand on a emménagé, mais il ne l’a jamais fait. Quand il pleut, l’eau rentre, l’hiver il fait froid. Je voudrais déménager ailleurs, mais avec six enfants, c’est difficile.»

Symptôme d’un quartier défavorisé?

Ce n’est pas le premier cas d’évacuation due à des moisissures dans Parc-Extension. Depuis l’été dernier, une résidente de la rue De l’Épée attend d’être relogée pour les mêmes raisons.

La situation du 8151, avenue Stuart était connue à l’arrondissement depuis avril dernier. Le dossier avait toutefois été «mis de côté», faute de suivi de la part du précédent locataire et de l’arrondissement, jusqu’à la plainte de M. Malik le 27 octobre dernier.

Le docteur Louis Jacques de la Direction de la santé publique rappelle que les bâtisses sont moins entretenues dans les quartiers les plus défavorisés. Les toits plats favorisent aussi les fuites d’eau.

«Le problème, c’est qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance. Les moisissures se propagent souvent pendant des années sans que personne ne le sache. Dans un certain nombre de logements, les murs et les plafonds sont humides, mais on ne le voit pas.»

L’arrondissement devrait-il agir? Pour la conseillère de Parc-Extension, Mary Deros, la responsabilité incombe aussi au locataire.

«Lorsqu’il a visité le logement, M. Malik a vu que cela pouvait être dangereux pour la santé.» Comme l’ensemble de ses voisins, celui-ci dit avoir fait confiance au propriétaire qui s’engageait à faire des réparations.

Évacuation d’urgence

Si les conditions de vie devenaient difficiles à supporter, reste que l’évacuation a été une surprise pour les locataires. «On vient chez vous et on vous met dehors. On n’a pas eu le temps de tout prendre», témoignait le lendemain Noumna Malik, fille de l’un des locataires.

Placée sur liste d’attente d’un logement en HLM, la famille a été relogée dans un centre YMCA du centre-ville. Une situation temporaire, mais qui ne leur plaît déjà pas.

«L’idéal serait que nous ayons un centre disponible en cas d’urgence dans Parc-Extension, mais ce n’est pas le cas. C’est une situation d’urgence et temporaire. Ils peuvent aussi se faire héberger par des amis ou de la famille», propose Mme Deros.

Reste à savoir ce qui va advenir de la bâtisse. Le propriétaire étant connu par les différents services de l’arrondissement pour son manque de coopération, il est fort probable qu’il ne s’occupe pas des réparations.

M. Di Giambatista louerait encore une vingtaine de logements dans Parc-Extension, sur les rues Ball et Durocher. Il n’a pas retourné nos appels.

 

 

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