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Évincée après 50 ans dans le même logement

Photo: Frédéric Faddoul/TC Media

En septembre 1961, Yvette Lambert et son fils foulent, pour la première fois, le plancher du 8345, rue Saint-Denis. Un demi-siècle plus tard, Mme Lambert demeure une référence du temps passé dans le quartier.

Mais voilà, le 30 juin prochain, Mme Lambert devra quitter son logement. Celle qui aurait fêté son 54e anniversaire sur la rue Saint-Denis doit déménager.

Le nouveau propriétaire de l’immeuble où elle réside souhaite reprendre le logement pour y effectuer des travaux.

«Mes racines sont ici. Villeray, c’est chez nous. Je ne sais pas où je m’en vais, mais je ne veux pas quitter mon quartier, ni aller dans une résidence. Je suis encore trop jeune», affirme Mme Lambert.

Lorsqu’elle a emménagé dans son trois et demi, l’octogénaire payait 50 $ par mois pour se loger. «C’était ce qu’on payait à l’époque. Le propriétaire voulait 55 $ par mois, mais il me l’a fait pour 50 $ et le logement était fraîchement peinturé», souligne la résidente qui débourse actuellement 223 $, mensuellement, pour son loyer.

Le Progrès a tenté de joindre le nouveau propriétaire, en vain.

Son amour du quartier
Arrivée dans la paroisse Saint-Alphonse à l’âge de 10 ans, Mme Lambert a eu le coup de foudre pour ce secteur. «Je me suis mariée dans le quartier et mon fils est allé à l’école Saint-Gérard. Ça fait 12 ans que je suis des cours au Patro Le Prévost. Ma vie est dans Villeray», souligne la veuve.

À 33 ans, elle trouve un petit logement sur la rue Saint-Denis où élever son fils, en attendant de trouver quelque chose d’autre.

«Lorsque j’ai emménagé, je me disais que c’était temporaire. Avec le temps, j’ai mis le logement à mon goût. Je trouvais l’endroit satisfaisant et ça me plaisait. Je suis tombée amoureuse du quartier, tout y est accessible», indique l’octogénaire.

Les souvenirs du passé
La résidente a vu le quartier se transformer, notamment avec l’arrivée du métro de Montréal et la disparition du tramway.

«Je prenais le tramway pour aller à mon travail. Je l’ai vu disparaître pour céder sa place aux autobus et aux métros. Ils ont dû repaver la rue Saint-Denis pour les accueillir», raconte-t-elle.

Au cours des années, Mme Lambert a rencontré plusieurs personnalités bien connues, notamment la reine mère, Élizabeth.

«Elle est venue pendant les années 1960 et elle a circulé sur la rue Lajeunesse. Je l’ai rencontré là», se rappelle Mme Lambert.

Une des personnes qui l’a le plus touchée est l’ancien premier ministre, René Lévesque. «J’ai travaillé pendant 22 ans au restaurant Le Prince Charles, situé sur la rue de Liège et le boulevard Saint-Laurent. M. Lévesque y tenait ses assemblées, régulièrement avant son élection de 1976. Il me demandait toujours un café et des allumettes», se souvient l’ancienne hôtesse, en souriant.

Elle a côtoyé l’homme pendant plusieurs semaines. «C’était une personne dotée d’une grande gentillesse. Il était très proche des gens. Lorsqu’il organisait des party pour les membres de son parti et il nous invitait toujours à venir fêter avec eux», se remémore-t-elle.

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