De la radio et de René Homier-Roy

Comme les gens de ma génération, je suis un gars de la radio. Vers la fin des années 1970, dans ma planète d’origine, je ne ratais pas les feuilletons radiophoniques de la mythologie orientale diffusés par la chaîne nationale.

Comme j’étais en classe au moment du passage en ondes de ces fabuleux contes, ma mère m’enregistrait tous les épisodes. À mon retour de l’école, je réécoutais ma collection religieusement. Sinbad, une fable d’origine persane qui conte les aventures d’un marin, et Seyf Dou Yazane, les aventures d’un roi du Yémen qui vivait au VIe siècle de notre ère, m’ont marqué à vie.

Plus tard, la radio a envahi mes temps libres. D’abord, la tournée dominicale des stades de soccer et les expéditions africaines des Lions de l’Atlas, l’équipe nationale marocaine de football. Ensuite, les fameux Dossiers extraordinaires narrés avec mæstria par le légendaire homme de la radio française Pierre Bellemare. Il m’a hypnotisé un nombre incalculable de nuits.

Avec le temps, grâce aux chaînes étrangères captées en ondes courtes, comme La voix du Caire et la BBC, les nouvelles internationales n’ont plus eu de secret pour moi. La musique occidentale m’a aussi été plus accessible. Grâce à RTL, je veillais en me gavant de soirées spéciales Pink Floyd, Led Zeppelin et j’en passe.

Ma passion de la radio a été salvatrice à mon arrivée à Montréal. Dans ma solitude, je suis tombé en amour avec le hockey sur la défunte CKAC. Trois ans après mon long périple, j’ai acheté ma première auto. J’ai découvert la Première Chaîne aux aurores.

C’était une période charnière et cruciale de ma vie. Mon épouse venait d’accoucher de notre fille aînée. En plus de mon travail à temps plein, je suivais des cours du soir en journalisme. C’était la galère!

Avec un enfant en bas âge et mes occupations professionnelles et estudiantines, mes journées étaient longues et mes nuits courtes. Très courtes! Les réveils étaient très difficiles. Sur la route de la garderie en milieu familial de ma fille, c’était bien meilleur le matin.

Avec le timbre de sa voix, sa vaste culture générale, sa pertinence, sa maîtrise du micro et sa capacité à faire plier l’échine à ses invités récalcitrants, René Homier-Roy m’a redonné le goût de persévérer pour aller jusqu’au bout de mon rêve, celui de devenir un commentateur de l’actualité.

Son style et son émission éclectique étaient le condensé de tout ce que j’aime de la radio. Il a même réussi le pari de ressusciter le radioroman avec Le mont de Vénus. Demain, c’est un grand travailleur de l’information qui tire sa révérence. À la veille de ton départ des ondes, bonne autre vie René!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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