Surfer jusqu’au bout

Mick Jagger. 68 ans. Porte des pantalons de cuir moulants. Fait des waves de torse. Kick la patte comme si sa vie en dépendait. Mon genre d’homme.

Pourquoi je vous parle de Mick? Parce que je l’ai vu passer l’autre jour. Chez nous. En fait, mon deuxième chez nous. Facebook. Quelqu’un a posté une vidéo d’une performance live d’un show de sa tournée en 2003. Sur la vidéo, les Stones interprétaient Gimme Shelter. Une sale toune. Sale dans tous les sens du terme. Sale dans le sens de puissamment bonne. Sale dans le sens que, pendant que t’écoutes ça, l’envie te prend de te baigner dans une piscine de Jack Daniel’s et de butchs de cigarettes.

J’aime les Rolling Stones. Même s’ils surfent sur un succès d’une époque d’il y a presque 50 ans. On devrait changer l’expression «étirer la sauce» pour «rouler la roche». Exemple : Réjean Tremblay avec les Lance et compte… rouler la roche.  Les films Saw… rouler la roche. Mario Pelchat et les trémolos… rouler la roche. Mes exemples de rouler la roche… rouler la roche.

Je me souviens d’avoir eu un préjugé sur les artistes qui ne se réinventent pas, qui ne risquent plus, qui surfent sur leurs vieux succès. Disons que Jean Leloup, dans la catégorie des artistes que j’admire pour leur risque et la quête de se réinventer toujours, est assez proche du top. Pourquoi je respecte Jean Leloup autant que les Stones? Deux approches différentes. Mais si on regarde ça d’un autre œil. Pas business, pas artiste. Juste du point de vue vie. J’admire juste leur vie. Connaissez-vous beaucoup de monde qui, rendus sur leur lit de mort, vont pouvoir autant que les Stones dire : «Wow, what a trip!»? Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip!  Ah et : «Yes, Paint It Black, we wrote that.»

Je pense que, même pour une courte période de ta vie, si tu vas chercher dans la jungle imaginaire des œuvres aussi marquantes que Sympa-thy for the Devil, Angie et You Can’t Always Get What You Want, t’as droit au surf. Nickleback? La voile, les boys. Pis pas le droit au vent. Soufflez.

Vous vous demandez «C’est quoi son trip? Il se prend-tu pour Baz? Depuis quand il parle de musique?» Je vous parle pas de musique. Je vous parle de vivre ses rêves. Jusqu’au bout du bout! De shaker ton torse jusqu’à 70 ans si t’en as envie. De changer de nom d’artiste 12 fois, pis de t’appeler Jean the Wolverine With a Moustache si ça te tente. «Toé Lefebvre, le vis-tu au bout du bout ton rêve?» Cheap shot! C’est moi qui donne les leçons! J’écris dans un journal pis j’ai une photo avec les bras croisés!

J’essaie fort. Trop fort souvent. Quand ça marche pas comme je voudrais, j’écoute en boucle «You can’t always get what you want… You get what you need.» Ça remet en perspective. Je sais même pas pourquoi je vous parle de tout ça. J’ai vu Mick se déchaîner comme un enfant fou furieux sans retenue sur la scène devant des milliers de personnes, puis j’ai trouvé ça beau. Fallait que ça sorte.

Dans une période de trouble social, faut se battre, oui. Faut. Mais faut pas perdre de vue la belle petite maxime de l’humoriste Bill Hicks : «It’s just a ride.» Puis après, tu mets Paint It Black dans le tapis, puis, tu surfes ton rêve.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.  

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