Vol direct vers une rencontre improbable

J’ai toujours trouvé que les aéroports étaient des endroits romantiques. Bien sûr parce que les amoureux s’y séparent et s’y retrouvent, mais surtout parce que ce sont des lieux où les rencontres les plus improbables peuvent se produire…

Si je vous dis ça, c’est parce que ça m’est arrivé pas plus tard qu’hier alors que j’attendais mon vol de nuit pour revenir à Mont-réal après mes vacances en solitaire.

À cause d’un vol interne plus tôt dans l’après-midi, j’avais quelques heures à tuer à l’aéroport avant de pouvoir enregistrer mes bagages. J’étais donc en train de lire dans un café quand un voyageur a attiré mon attention. C’était un «backpacker» tout comme moi, et il affichait un joli look bohême-surfeur. Il regardait autour de lui et semblait chercher quelque chose. Il a fini par s’apercevoir que je l’observais du coin de l’œil et s’est dirigé vers moi.

«Salut! Désolé de te déranger, j’ai vu le drapeau du Québec sur ton sac à dos. J’imagine que tu prends le même vol que moi pour Montréal à 1 h? Moi aussi, je suis pogné avec mes bagages pendant quelques heures encore. Ça te dérange si je te laisse mon sac deux minutes pendant que je vais aux toilettes?»

J’ai répondu par la négative en bégayant.

Après quelques minutes, Frédérick est revenu et s’est présenté. On s’est alors mis à parler de nos voyages respectifs, de ce qu’on avait aimé du pays, de nos péripéties. Je sais que c’est complètement cliché, mais je ne peux pas le nier, la conversation coulait de source; c’était comme si lui et moi nous nous étions toujours connus.

Les heures ont vite passé et quand ce fut le temps d’aller au comptoir de la compagnie aérienne déposer nos bagages, nous nous y sommes rendus ensemble tout naturellement. Tout en me parlant, Frédérick me regardait droit dans les yeux. J’étais sous le charme de son grand sourire et j’avais l’étrange certitude qu’il était aussi tombé sous le charme du mien. J’en ai eu la confirmation quand nous sommes montés à bord de l’avion et qu’il a demandé au monsieur qui s’apprêtait à prendre place à côté de moi s’il pouvait échanger de siège avec lui. Je me suis donc retrouvée à faire un vol de neuf heures aux côtés d’un bel inconnu, à papoter et à écouter des films «avec lui».

Quand nous n’avons plus été capables de combattre le sommeil, je me suis retrouvée, sans savoir trop comment, la tête sur son épaule et ma cuisse contre la sienne. Me dirigeant tranquillement dans les bras de Morphée, j’étais à penser que je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis longtemps et que j’avais la certitude que Frédérick et moi allions nous revoir à Montréal.

J’étais bien endormie et aux anges quand une voix lointaine m’a réveillée. «Désolé madame, vous devez relever votre siège pour l’atterrissage.» Après avoir obtempéré aux ordres de l’agent de bord, je me suis retournée vers Frédérick et j’ai plutôt retrouvé à sa place le monsieur à qui il avait demandé d’échanger de siège. J’ai alors compris que cette jolie rencontre improbable n’avait été qu’un beau… rêve!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.