L’amnésie du voyageur

Il m’est arrivé quelque chose de merveilleux en voyage. J’ai subi une lobotomie inconsciente!

Charles, le garçon que j’ai fréquenté et qui m’en a fait baver tout l’été, a complètement disparu de mon cerveau. Comme par magie! C’est comme si un talentueux chirurgien m’avait rendu visite dans mon sommeil durant mon périple, m’avait ouvert la boîte crânienne, avait retiré le petit tiroir «Charles» et avait soigneusement recousu le tout.

Pourtant, au début de mon escapade, ma fréquentation sans avenir tenait encore une grande place dans mon esprit. Je n’avais pas pu voir Charles avant mon départ, et il continuait à me hanter. Quand je prenais mes courriels les premiers jours, j’allais toujours fouiner un peu sur son profil Facebook. Et ensuite, plus rien! Après quelques jours, il a complètement disparu de mes pensées, et même pas de façon graduelle. Je ne saurais même pas dire exactement quand et comment tout ça s’est produit…

Il est vrai qu’avant mon départ, je m’étais dit qu’il fallait que je mette fin à cette histoire, que je cesse d’espérer des trucs que Charles ne pourrait me donner. Je souhaitais que mon voyage me permette de l’oublier, mais je ne croyais pas que ça allait fonctionner!

Un soir, j’ai bien décidé d’effacer tous ses textos de mon cellulaire et de l’enlever de mon fil d’actualités sur Facebook, mais bon, tout cela n’a pas pu avoir comme effet immédiat de tout effacer de ma mémoire personnelle!

Il est vrai que mon voyage a été dépaysant, que j’ai complètement décroché de mon train de vie montréalais et que j’ai eu quelques réflexions existentielles, mais jamais je n’aurais pensé que mon voyage aurait comme effet de rayer Charles de la carte aussi radicalement.

Mais comment avoir la preuve que je suis complètement guérie, me direz-vous? Bonne question! Je me le suis demandé aussi. À mon retour, j’ai décidé de faire des tests. Je suis allée voir son profil Facebook, j’ai regardé quelques photos, et j’ai analysé ma réaction. Quand j’ai vu sa belle petite face, je n’ai rien ressenti! Nada! Avant, quand je voyais son visage sur mon écran ou son nom sur mon téléphone, mon cœur faisait trois tours. Aujourd’hui, mon cœur me dit : «Pourquoi est-ce que tu me montres ça, j’en ai rien à cirer de lui!» N’est-ce pas merveilleux?

En fait, je me doute un peu de ce qui s’est produit pendant mon voyage. Je crois que ma raison a pris le dessus sur mes émotions et que, pendant que j’étais dans la lune – l’esprit occupé à admirer un magnifique paysage –, celles-ci ont conclu que ça n’avait pas de bon sens cette histoire-là, que Charles était un petit gars pas branché, qui avait eu en plus le culot d’embrasser une autre fille dans ma face, et que je méritais beaucoup mieux que ça.

La morale de cette histoire de lobotomie mystérieuse? Quand vous n’êtes pas capable de vous sortir un gars de la tête, faites votre valise et partez très loin!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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