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Combines constitutionnelles africaines

Photo: The Associated Press

L’Afrique est la championne mondiale des révisions constitutionnelles destinées à maintenir au pouvoir certains de ses présidents. Ces jours-ci, Blaise Compaoré a lui aussi tenté de s’éterniser au palais présidentiel de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

La rue a rugi et l’homme fort du «pays des hommes intègres» est parti. Tant mieux. Il avait pris le pouvoir en 1987. Par un coup d’État. Le continent en a connu plus de 80 en un demi-siècle. Un autre record mondial. Ce n’est pas un hasard si en 2009, lors de sa première visite en Afrique, Barack Obama avait rappelé ceci: «L’Afrique, au lieu d’avoir des hommes forts, doit avoir des institutions fortes.»

Le discours du premier président noir américain avait été prononcé au Ghana, l’un des rares exemples de démocratie en Afrique avec le Sénégal.

Dans ce dernier pays, qui accueillera le XVe sommet de la Francophonie les 29 et 30 novembre, l’ex-président Abdoulaye Wade avait lui aussi en 2011 tenté de réviser la Constitution afin de céder son fauteuil à son fils Karim. La rue a grondé, et Wade a dû faire marche arrière. L’année suivante Macky Sall lui succéda par la voie des urnes. Ils ont été nombreux ces dernières années, les hommes forts africains à prendre leurs cliques et leurs claques sous la pression populaire. «Dégage!».

De la Tunisie à l’Égypte en passant par le Mali, la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire et la semaine dernière le Burkina Faso, ils sont partis, eux qui hier encore étaient considérés comme «solides» ou «sages» pour les intérêts géopolitiques occidentaux.

Chacun a cru qu’il pouvait régner aussi longtemps qu’il le voulait avec des combines constitutionnelles.

Ils n’ont pas encore compris que trop c’est trop, contrairement au Malien Alpha Oumar Konaré, au Béninois Mathieu Kérékou et au Nigérian Olusegun Obasanjo, qui n’ont pas cherché à prolonger leur mandat. Aux dernières nouvelles, Joseph Kabila, songe lui aussi à modifier la Constitution pour s’agripper au pouvoir en République démocratique du Congo. Le plus grand pays francophone africain, avec ses 68 millions d’habitants, compte plus de 200 partis d’opposition et c’est souvent au nom de la «stabilité» que les présidents refusent de prendre leur retraite. Quoi de mieux alors que de modifier à tour de bras la Constitution?

Si le monopartisme n’existe pratiquement plus sur le continent, les partis politiques sont toujours écrasés par leurs leaders, et la démocratie reste encore à inventer.

«Il n’y a pas d’institutions fortes s’il n’y a pas d’hommes forts», avait répondu Blaise Compaoré à Barack Obama. Après quatre mandats, l’ex-président burkinabé s’est trouvé samedi une retraite dorée en Côte d’Ivoire, «pays frère» collé à celui qu’il dirigeait comme un royaume.

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