Est-il trop tard pour un High Line montréalais?

Photo: Jérôme Glad

Elle a peut-être bien des défauts sur le plan urbanistique, mais on ne peut nier que l’autoroute Bonaventure offre des points de vue magnifiques sur le centre-ville de Montréal.

Lorsqu’on y circule en voiture, les gratte-ciel apparaissent tour à tour sous nos yeux, tout comme l’enseigne de Farine Five Roses, le Silo no 5 et les grues de Griffintown.

Le fait d’être surélevé sur ce monstre de béton permet de découvrir un paysage urbain formidable sur 360 degrés.

Mais avec le démantèlement de l’autoroute au profit d’un boulevard urbain, tous ces points de vue disparaîtront à tout jamais. C’est pourquoi un groupe de citoyens des quartiers limitrophes tentent un ultime appel auprès de la Ville et du gouvernement du Québec pour sauvegarder une portion de l’autoroute Bonaventure. Non pas pour la circulation automobile, mais bien pour la réalisation d’un parc linéaire inspiré du High Line de New York.

Ce concept de High Line avait été présenté en 2012 à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans le cadre des réflexions sur l’avenir de l’axe Bonaventure. Le projet était soutenu par Héritage Montréal et la fondatrice du Centre canadien d’architecture, Phyllis Lambert.

«C’est le patrimoine d’une époque, la façon dont on pensait la ville dans les années 1960, explique Caroline Andrieux, citoyenne à l’origine de ce projet et fondatrice de l’espace culturel de la Fonderie Darling. C’est peut-être difficile pour certains de voir de la beauté dans cette autoroute, mais on peut certainement l’humaniser sans tout détruire. C’est aussi ça, le développement durable.»

Elle soutient qu’en conservant au minimum une centaine de mètres, on pourrait verdir l’axe autoroutier avec une promenade plantée, où il serait possible de tenir des concerts en plein air, par exemple. Sous la structure, des kiosques de bouffe de rue ou un marché public, aménagés dans des conteneurs métalliques, animeraient l’espace pour les résidants et travailleurs du Vieux-Montréal et de Griffintown. Des projets d’art public pourraient également voir le jour et offrir un nouveau souffle à cette structure bétonnée.

«L’axe pourrait devenir un milieu de vie plutôt qu’un axe de transit entouré de neuf voies de circulation, poursuit le complice de Mme Andrieux, Jérôme Glad, cofondateur de Pépinière & Co (Jardins Gamelin, Village-au-Pied-du-Courant, etc.). Au lieu de bâtir une place publique générique, le maintien d’une section de Bonaventure donnerait un caractère distinctif au site pour une Ville UNESCO de design comme Montréal!»

Et pourquoi pas? Un peu plus de créativité dans un tel réaménagement du domaine public ne ferait certainement pas de tort. Mais le démantèlement a déjà débuté, et on peut se demander s’il est trop tard. «Il est minuit moins une, mais notre objectif n’est pas d’effacer les plans de Montréal et du MTQ, poursuit M. Glad. Au contraire : on colle à leur proposition en l’enrichissant avec une structure déjà en place.»

Selon l’architecte de formation, il serait relativement simple de procéder à la conversion s’il y avait une volonté politique. L’état actuel de la structure ne l’inquiète pas non plus, car le simple fait d’éliminer la circulation véhiculaire allongeait sa durée de vie. «Si on ne réussit pas à garder l’autoroute, j’espère au moins qu’on pourra organiser un grand pique-nique urbain sur le dessus pour souligner son départ», conclut-il.

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