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Le principe de la porte ouverte < celui du consentement

Comment notre rapport à l’intimité des vedettes en dit beaucoup plus qu’on ne le croit sur notre compréhension du concept de consentement. 

Lorsque vient le temps de passer outre le critère d’intérêt public pour fouiller dans la vie privée des vedettes, les journalistes sont passés maîtres dans l’art de se donner bonne conscience. L’une des raisons les plus souvent invoquées pour se justifier de révéler les pans moins glorieux de la vie de nos artistes préférés est le principe de la porte ouverte : si ces derniers acceptent de nous ouvrir la porte de leur intimité lors des beaux jours, ils doivent acquiescer à nos indiscrétions lors des moments plus sombres.

Ainsi, mariages, naissances, et autres photos de bungalows proprets seraient de puissants outils marketing à la disposition des vedettes, dont le prix à payer serait le dévoilement des divorces, écarts de conduite et défaites humiliantes. C’est sur la base de ce principe qu’on a révélé que Karine Vanasse avait été flouée financièrement, que Joël Legendre vivait une rupture difficile, et qu’Éric Lapointe avait besoin d’aide. C’est ce principe qu’invoque ce matin Nathalie Petrowski dans La Presse pour revendiquer un compte-rendu plus détaillé de la rupture – amoureuse et professionnelle – entre Marie-Mai et Fred St-Gelais.

«Pendant 11 longues années, Marie Mai a alimenté la bête médiatique de manière quasi quotidienne, lui a ouvert toutes grandes les portes de son intimité, a nourri son appétit de voyeur sans la moindre arrière-pensée et a créé une dépendance réciproque qui ne semble pas avoir faibli avec le temps. Plutôt le contraire. Et puis bang ! du jour au lendemain, dans la foulée de sa séparation avec Fred St-Gelais, elle nous a claqué la porte au nez en nous annonçant sur Facebook qu’elle ne ferait pas de commentaires et ne répondrait à aucune question concernant sa rupture avec St-Gelais», s’indigne la chroniqueuse.

Cette excuse utilisée à chaque occasion pour justifier notre côté senteur est si bien implantée dans la culture médiatique et populaire qu’on ne la remet jamais en question. Pourtant, si l’on réfléchit à ce pseudo-fondement éthique à notre voyeurisme du point de vue du consentement, ÇA N’A AUCUN MAUDIT BON SENS!

Le consentement est une chose que l’on donne de manière éclairée et volontaire, et que l’on peut retirer à tout moment. Ainsi, une fille peut décider de s’habiller de manière aussi sexy qu’elle le désire – que ce soit ou non dans le but d’attirer le regard des garçons, voire d’obtenir une relation sexuelle – et consentir à laisser entrer quelqu’un dans son intimité, puis changer d’idée et demander à ce que l’individu quitte son domicile lorsqu’elle l’entend. Le garçon pourra être déçu. Il pourra au pire la traiter d’agace. Mais rien ne justifie que ce dernier campe dans la demeure de madame et revendique son droit d’y rester. De la même manière, on doit accepter que les vedettes referment la porte de leur intimité lorsqu’elles le désirent, même si elles nous ont affriolé avec leur vie trépidante. Et même si c’est clair qu’on veut tous savoir ce qui s’est passé, qui a trompé qui, c’était-tu à cause qu’ils n’arrivaient pas à avoir d’enfants, et surtout, pourquoi Fred St-Gelais a retweeté un article sur les «bons gars»!?!?

On voudrait se faire croire que tout ça nous revient de droit du fait qu’on a enduré les photos du couple en road-trip, la plus cute vidéo de mariage au monde, et qu’on a partagé les petits bonheurs tout simples des Bouchard-St-Gelais pendant 11 ans. Au fond, ça faisait bien notre affaire. Que nous refusions d’accepter que c’est fini, c’est notre problème. Ça ne justifiera jamais que l’on demande des comptes à Marie-Mai.

Ce principe de la porte ouverte est si présent dans la pensée populaire que plusieurs vedettes ont fini par l’intégrer, admettant que si elles se portent volontaires pour faire la une du 7Jours avec leur belle famille parfaite, elles doivent bien accepter que l’on s’adonne au salissage le plus jaune sur leur dos. Je les inviterais à se réapproprier leur intimité à l’aune de la notion de consentement. C’est probablement ce qu’a décidé de faire Marie-Mai en annonçant sa rupture sur Facebook et en mettant les termes de l’entente bien au clair, n’en déplaise à l’insatiable curiosité de Nathalie Petrowski.

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