Madame Marois, assumez-vous!

Les grands leaders ont toujours eu des idées claires. On connaît la vision du Canada de Stephen Harper, comme on connaissait celle de Trudeau, qu’on les aime ou non. La règle a valu au Québec pour René Lévesque et Lucien Bouchard.

On peut aussi résumer en quelques mots la vision d’Amir Khadir (un État souverain plus égalitaire et plus interventionniste) et celle de François Legault (un Québec ni oui ni non, mais mieux géré). Même Jean Charest a fini par accoucher d’une certaine vision du Québec, articulée autour du développement des ressources minières et gazières.

Mais on cherche toujours à savoir ce qui se passe dans la tête de Pauline Marois. En 30 ans de vie publique, Mme Marois a occupé tous les ministères importants. Elle a aussi été vice-première ministre. Pourtant, on a beau gratter, on peine à voir chez elle les contours d’une pensée politique claire et cohérente. Parfois, la chef du Parti québécois ne semble même pas comprendre les idées qu’elle avance, à tel point qu’elle est incapable de les défendre.

Lors de la course à la direction du PQ en 2003, on lui  avait demandé d’expliquer ce qu’elle entendait par les éventuelles «turbulences» qu’elle avait évoquées et qui suivraient une victoire du Oui. Au lieu de saisir l’occasion pour faire la promotion du projet, Mme Marois a préféré battre en retraite, en déclarant qu’elle voulait plutôt parler d’«effervescence». Comme argument de vente pour un pays, on a déjà vu mieux.

Mme Marois s’était aussi rétractée lorsqu’elle avait proposé d’augmenter la TVQ pour compenser la baisse de la TPS, une mesure que les libéraux ont ensuite mise en œuvre. En fait, s’il y a une ligne directrice derrière les gestes politiques de Pauline Marois, c’est qu’ils semblent habituellement guidés par des considérations stratégiques à court terme.

L’an dernier, la chef du PQ avait appuyé le projet de loi de sa députée Agnès Maltais, qui visait à empêcher toute contestation judiciaire de l’entente conclue entre la Ville de Québec et Québecor à propos du nouvel amphithéâtre. Mme Marois a peut-être grappillé quelques votes chez les nostalgiques des frères Stastny cette journée-là, mais cinq députés ont démissionné dans les semaines qui ont suivi, et le PQ a eu l’air fou à l’échelle du Québec.

Pendant le conflit étudiant, Mme Marois a pris plus de deux mois avant d’avancer le début d’un commencement de prise de position, puis de promettre… un sommet sur les études supérieures. Même sur la souveraineté, la raison d’être de son parti, la chef du PQ reste floue. Elle la désire, bien sûr, mais juste assez pour ne pas faire fuir les purs et durs, et pas trop, de peur d’effrayer les autres.

Au lieu de réagir en retard, Pauline Marois devrait prendre l’initiative et exprimer des positions claires (et peut-être changer de conseillers…). Elle devrait ensuite défendre ces positions et les assumer avec conviction, quitte à déplaire à une partie de l’électorat.

Les Québécois respecteront davantage un chef politique capable d’assumer ses idées qu’un leader mou qui cherche trop peu subtilement à remporter un concours de popularité.

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