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Les séparations invisibles

Children listen to speakers during an immigration family separation protest in front of the Sandra Day O'Connor U.S. District Court building, Monday, June 18, 2018, in Phoenix. An unapologetic President Donald Trump defended his administration's border-protection policies Monday in the face of rising national outrage over the forced separation of migrant children from their parents. (AP Photo/Ross D. Franklin) Photo: The Associated Press

Entre le 6 mai et le 21 juin, plus de 2 500 enfants ont été séparés de leurs parents à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Enlevés des bras de leur mère et de leur père, souvent sans explication, puis envoyés aux quatre coins d’un pays dont ils ignorent tout – en commençant par la langue.

Alors que leurs parents font face à des accusations criminelles, les enfants sont détenus dans des «refuges» pour mineur.e.s non accompagné.e.s ou placé.e.s dans des familles d’accueil, sans repères ni visages réconfortants.

L’activisme des ONG et la couverture médiatique de ces séparations forcées – qui découlent d’une politique de «tolérance zéro» émise par la Maison-Blanche – ont alimenté l’indignation et mené à un recul de Trump. Pour ces enfants, le traumatisme de la séparation s’ajoute à ceux marquant leur jeune vie. Et ce n’est pas la réunion avec leur famille qui effacera les effets durables de cette violence.

Mais réunion il y aura – un juge de la Californie ayant ordonné au gouvernement fédéral de s’assurer que tous les enfants seront réunis avec leurs parents dès la fin du mois de juillet. La question du respect de la date butoir de jeudi reste en suspens, alors que le gouvernement a déjà failli à son obligation de réunir tous les enfants de moins de cinq ans avec leurs parents avant le 12 juillet.

Toutefois, dans l’ombre, d’autres séparations déchirent des familles tous les jours, laissant des enfants sans parents: les vagues de déportation.

Alors que, sous Obama, l’Immigration and Custom Enforcement (agence fédérale responsable des arrestations en sol états-unien) priorisait la déportation de migrant.e.s non documenté.e.s ayant un casier judiciaire ou ayant commis un crime violent, le nouveau gouvernement a établi que toute personne illégalement en territoire états-unien constitue une priorité pour la déportation.

Au fil des raids de déportation, des centaines d’enfants se trouvent privés de leur père, de leur mère – voire des deux. Certains retrouveront éventuellement leur parent, qui peut demander à être déporté avec l’enfant – moyennant la couverture des frais de transport.

Ces nouvelles priorités ont mené à l’arrestation de 46 000 migrant.e.s non documenté.e.s sans dossier criminel au cours de l’année fiscale 2017 – une augmentation de 171 par rapport à 2016.

Or, considérant que 
4,5 millions d’enfants citoyens états-uniens viennent d’une famille dite mixte (dont un ou plusieurs membres sont non documentés), ces nouvelles tactiques de déportation produisent tous les jours des séparations familiales qui ne se limitent pas à la ligne frontalière. Au fil des raids de déportation, des centaines d’enfants se trouvent privés de leur père, de leur mère – voire des deux.

Certains retrouveront éventuellement leur parent, qui peut demander à être déporté avec l’enfant – moyennant la couverture des frais de transport. Mais plusieurs autres resteront aux États-Unis, avec le parent non déporté ou sous la tutelle d’un membre ou ami.e de la famille.

La Déclaration des droits de l’enfant (1959) stipule qu’un enfant a le droit de «grandir sous la sauvegarde et sous la responsabilité de ses parents».

Mais que faire lorsque les lois d’immigration d’un État dont l’enfant est citoyen empêchent celui-ci de jouir pleinement de son droit, en forçant sa séparation de son parent? L’inhumanité des séparations familiales à la frontière a motivé activisme et colère, aux États-Unis et à l’international.

Mais la fin de cette politique ne marque pas la fin des séparations familiales : celles-ci se produisent quotidiennement, partout aux États-Unis, affectant durablement enfants citoyens et enfants non documentés.

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