Soutenez

Souffrez-vous de la gueule de bois de l’introverti?

Silhouette of sad teenage girl looking out the window on a cold autumn day Photo: Getty Images/iStockphoto
Philippe Jean Poirier - 37e Avenue

Se sentir saoulé après avoir rencontré un tas de personnes ou avoir été forcé de trop «socialiser» alors que c’est contre nature : c’est ce qu’on appelle maintenant le «introvert hangover».

La formule ne vient pas d’une recherche scientifique, mais bien d’un billet de blogue écrit par Shawna Courter et publié sur le site Introvert, Dear. La linguiste et blogueuse américaine décrit le phénomène comme suit: «La gueule de bois de l’introverti est quelque chose d’assez horrible à ex­périmenter.

Cela commence par une réaction physique de surstimulation. Vos oreilles peuvent tinter, votre vision s’embrouille, et vous vous sentez comme si vous alliez faire de l’hyperventilation. Vos paumes peuvent devenir moites. Et votre esprit veut se refermer, s’emmurer […] Tout ce que vous voulez, c’est être seul à la maison, en toute tranquillité.»Ce phénomène survient lorsque l’introverti se retrouve plongé dans un contexte de socialisation intense, comme un 5 à 7 professionnel, une réunion de famille ou tout autre événement impliquant plusieurs personnes.

Difficile de dire si on doit attribuer la paternité de la formule à Shawna Courter, mais force est de constater que son billet a fait mouche. En effet, plusieurs journaux et sites web ont depuis relayé cette description de symptômes faite par la blogueuse américaine.Par ailleurs, les seuls remèdes connus, selon l’auteure, sont la solitude et la tranquillité.

Quand les introvertis sortent du placard
Il est intéressant de noter que l’article émane d’un site dédié aux introvertis de toutes sortes (introvertdear.com). Une introversion pleinement assumée, donc. Dans une société où ce trait de personnalité est la plupart du temps mal perçu.

C’est du moins la thèse de l’essayiste Susan Cain, auteure du livre Quiet: The Power of Introverts, publié en 2012. Elle y explique combien la société survalorise les traits extravertis (il est toujours bien vu d’être enjoué, léger et facile d’accès), et ce, alors que la population compterait de 30 à 50% d’introvertis.

Cette survalorisation des traits extravertis a des conséquences fâcheuses : «Plusieurs introvertis intègrent inconsciemment le message et adoptent des comportements extravertis qui vont contre leur nature», explique-t-elle dans la conférence TED préparée à partir de son livre.

«Quand vous avez des gens créatifs et talentueux, mais introvertis, il est préférable de les encourager à travailler seuls, surtout si la créativité etl’efficacité sont des priorités pour vous.» – Susan Cain, auteure du livre Quiet: The Power of Introverts

De telles réactions nuisent en outre à la productivité et à la créativité au travail, en entretenant notamment le mythe que le brainstorming en équipe fonctionne : «Quarante ans de recherche ont démontré que c’est une très mauvaise façon de générer des idées créatives, déclarait-elle au magazine Scientific American. Quand vous avez des gens créatifs et talentueux, mais introvertis, il est préférable de les encourager à travailler seuls, surtout si la créativité et l’efficacité sont des priorités pour vous.»

Les sources de l’introversion
À l’origine, les concepts d’introversion et d’extraversion ont été popularisés, entre autres, par le psychiatre et philosophe Carl Gustav Jung dans le cadre de ses travaux sur les personnalités.

Plus tard, des chercheurs ont tenté d’expliquer ce trait par la neurologie. Selon une étude du Karolinska Institute (1997), les personnes introverties présenteraient «une plus grande activité neuronale dans les régions associées à l’apprentissage, à la motricité et à la vigilance». Cela pourrait expliquer leur propension à faire une surdose de stimulus durant les événements mondains!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.