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Des services de traduction dans les cabinets de médecins

Photo: Yves Provencher/Métro

Pour un nouvel arrivant qui ne parle ni français ni anglais, la visite dans un cabinet de médecin peut s’avérer stressante et peu fructueuse. Un employé du CSSS du Sud-Ouest-Verdun est en train de fonder un organisme sans but lucratif (OSBL) pour vaincre ces barrières linguistiques.

C’est un service de traduction téléphonique, confidentiel et anonyme, que Gilles Leclerc compte proposer à un faible coût dès le printemps prochain aux médecins de Montréal et à leurs patients allophones. «C’est important que le service reste anonyme parce que ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise de partager ses problèmes de santé avec un tiers», a souligné à Métro cet agent administratif.

Il prévoit aussi offrir des services d’accompagnement lors de chirurgies. «C’est important d’avoir quelqu’un sur qui compter et à qui parler dans notre langue quand on se réveille d’une chirurgie. Mais plusieurs personnes seules n’ont pas cette possibilité», a fait remarquer M. Leclerc.

C’est en s’impliquant dans sa communauté depuis un an que M. Leclerc s’est rendu compte des besoins qui existent pour de tels services. Il organise depuis un an des rencontres périodiques intitulées Midis français, lors desquelles une cinquantaine de personnes désireuses d’apprendre où d’améliorer leur français ont pu échanger avec des Québécois francophones. Il croit maintenant qu’il pourra offrir ces services en milieu médical dans plusieurs langues comme le mandarin, le créole, l’arabe, le grec et le punjabi.

Yunfeng Lu, arrivé au pays il y a trois ans, parle aujourd’hui suffisamment bien le français pour être interprète, ce qu’il compte bien faire grâce au nouvel organisme. «Beaucoup de personnes d’origine chinoise m’ont demandé de les accompagner à l’hôpital comme interprète, et je l’ai déjà fait pour des amis», a-t-il expliqué.

M. Lu aurait aimé qu’une autre personne d’origine chinoise l’aide de cette manière lors de ses premières visites médicales à Montréal.

Des services méconnus
Une Banque interrégionale d’interprètes (BII) est à la disposition des établissements de santé du Québec. Elle regroupe des interprètes parlant 55 langues différentes. En 2013, 46 000 heures d’interprétation ont été consacrées à 26 000 demandes.

Malgré tout, ces services ne sont pas suffisamment nombreux ni accessibles, juge la Dre Marie Munoz, médecin clinicienne affiliée au CHUM et au CUSM. «Beaucoup d’efforts ont été faits à cet égard, mais une plus grande répartition géographique des services d’interprétation serait utile, de même qu’un accès facilité à de l’interprétation par téléphone», a dit à Métro la Dre Munoz, qui a déjà publié un article
sur le sujet.

Elle souligne d’ailleurs, tout comme M. Leclerc et M. Lu, que ces services sont très peu connus des patients et des soignants.

Conséquences
Selon un article publié en 2007 par la Dre Marie Munoz et l’interprète Anjali Kapoor-Kohli, les problèmes de communica­tion peuvent faire obstacle à l’obtention de soins appropriés. Voici quelques exemples des conséquences possibles:

  • Diagnostics manqués
  • Examens, médicaments et hospitalisation inutiles ou mal ciblés
  • Problèmes de fidélité au traitement
  • Consultations multiples pour le même problème

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