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Adieu métrosexuel, le «lumbersexuel» sort du bois

Photo: g-stockstudio/shutterstock.com

Il travaille dans les nouvelles technologies, mais a l’air tout droit sorti des bois: il a la barbe fournie, des boots et une chemise de bûcheron. Le « lumbersexuel », armé de son style sauvage, a remplacé le délicat métrosexuel dans le paysage urbain.

Ce bûcheron (« lumberjack ») des villes qui a envahi les rues, de Brooklyn à Berlin, le blogueur Tom Puzak l’a identifié récemment sur le site internet GearJunkie.com, dédié à l’univers « outdoors ».

« Le métrosexuel est désormais une espèce en voie de disparition, remplacée par des hommes plus intéressés par la vie en plein air que par les soins de beauté raffinés », écrit-il.

Ce hipster-homme des bois cache un urbain qui travaille dans le secteur des nouvelles technologies pour un salaire confortable, décrit encore Tom Puzak. Dans son sac à dos, point de hache de bûcheron, mais un MacBookAir.

« Finie l’ère des coupes cintrées, des silhouettes longilignes, presque féminines », analyse Geoffrey Bruyère, coauteur du « Guide de l’homme stylé, même mal rasé » publié chez Pyramyd. « Maintenant, on va vers des coupes plus amples, des matières plus brutes comme des flanelles, des cuirs végétaux, le jean brut », relève-t-il.

Autres éléments du vestiaire: le pantalon retroussé qui laisse apparaître les mollets en été, la parka canadienne en hiver, les chaussures Timberland et les chemises épaisses à carreaux, déjà en vogue dans les années 1990.

Derrière son apparence hirsute, le lumbersexuel est un être raffiné: il porte sa barbe avec le cheveu gominé, a des goûts culturels pointus et aime la cuisine faite maison, dans sa quête de naturel.

Hétéros qui se réapproprient les codes gays
Ce look de bûcheron viril, les homosexuels s’en étaient emparés il y a déjà plusieurs décennies, souligne Sylvain Zimmermann, à la tête de la rubrique Culture au mensuel gay Têtu, interrogé par l’AFP.

« L’imagerie du bûcheron existait depuis longtemps dans le porno gay », souligne-t-il. « La culture hétéro a complètement digéré la culture gay en se réappropriant ses codes vestimentaires. »

Le phénomène s’était déjà produit il y a une dizaine d’années avec les métrosexuels, influencés par David Beckham, qui se sont convertis aux soins corporels, se sont mis à s’acheter des crèmes et des vêtements de marque, tout en continuant à préférer les femmes.

Le « lumbersexuel » s’inspire désormais du « bear » (« l’ours »), nom donné à l’homosexuel barbu dans la communauté gay. Il joue à fond la carte de la virilité et préfère aller camper que de flâner dans les boutiques Tom Ford ou Dolce&Gabbana.

Tout l’art du lumbersexuel est en effet de donner l’impression qu’il ne se soucie pas de sa façon de s’habiller.

Parmi les célébrités, Ryan Gosling ou Eric Cantona incarnent chacun à leur manière ce bûcheron des villes, de même que l’acteur américain Joe Manganiello (« True Blood »), l’Australien Hugh Jackman (« Wolverine ») ou encore le Britannique Charlie Hunnam (« Pacific Rim »).

Et que pensent les femmes de ces êtres poilus, qui pourraient préfigurer le retour du mâle alpha? Du bien, à en croire le magazine Cosmopolitan, qui interroge ses lectrices: « Sortez-vous avec un lumbersexuel? Il est l’heure de le savoir. »

« Sa barbe est longue, broussailleuse, pas taillée, parce qu’il ne s’est pas regardé dans un miroir depuis des mois. Et vous savez quoi? Vous avez de la chance. »

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