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Consulter les citoyens, kossa donne?

Photo: Archives Métro

Depuis quelques années consulter les Montréalais est devenu la dernière mode. Mais est-ce toujours efficace? Alors que certains ne jurent que par ça, d’autres dénoncent du «citizen washing», une pratique qui vise à donner au citoyen l’illusion qu’il a du pouvoir. Décryptages.

Le budget participatif aux oubliettes… ou presque
En 2006, la mairesse de l’époque Helen Fotopulos (Union Montréal) lançait une petite révolution en instaurant un exercice de budget participatif sur le Plateau Mont-Royal. Mme Fotopulos a été inspirée de l’expérience brésilienne de Porto Alegre, où un budget participatif visant à impliquer les citoyens dans le processus de priorisassions des investissements locaux a été implanté.

Lors de plusieurs assemblées, différents groupes de travail ont donc été mis en place afin de déterminer les priorités de l’arrondissement. Faut-il rénover la piscine Laurier, privilégier le réaménagement des parcs ou développer des pistes cyclables?

Même si Mme Fotopulos déclarait à l’époque que «les citoyens avaient beaucoup appris sur la manière dont on gère une ville et sur ses défis et que cela avait renforcé la démocratie locale», les nouveaux élus de Projet Montréal n’ont pas donné suite à l’initiative.

«Ça coûtait environ 150 000$, et c’était compliqué à organiser pour les fonctionnaires. Tout cela pour des résultats assez minimes puisqu’une petite partie du budget était concernée», indique Richard Ryan, élu de Projet Montréal dans le Mile End.

Il convient toutefois que l’exercice avait des vertus éducatives pour les participants, confrontés à la réalité de la gestion serrée des finances. La nouvelle administration a donc remplacé les budgets participatifs par une formule surtout éducative BudgetPlateau.com. Cette application web imaginée par des geeks du mouvement open data ne coûte que 5 000$.

En gros, à travers une vingtaine de questions, le citoyen doit arriver à équilibrer le budget de l’arrondissement. Par exemple si je ne charge pas la neige la fin de semaine, j’économise 150 000$ par tempête. Cela me permet alors d’ouvrir les bibliothèques lors des 14 jours fériés et d’ajouter une patinoire extérieure.

Mais équilibrer un budget n’est pas chose aisée. Et les options privilégiées par les 500 citoyens qui ont complété le processus n’ont jamais été rendues publiques. «La version 2012 de l’application qui sera présentée le 20 juin a été encore améliorée et les résultats seront transparents», promet Richard Ryan.

BIXI, un nom qui rapporte
À l’automne 2008, Michel Gourdeau remporte le concours visant à trouver un nom du futur système de vélo en libre service montréalais. Avec Bixi (bicyclette+taxi) il remporte la palme devant les 8896 autres suggestions.

«Le buzz a été extraordinaire. Le concours a permis de parler d’un concept que les gens connaissaient peu à l’époque et surtout de créer un sentiment d’appropriation dans la population», se rappelle Michel Philibert, porte-parole de la Société de vélo en libre-service (SVLS)

Tout ça pour presque rien. M. Philibert ne peut chiffrer le coût de cette opération car elle était incluse dans une stratégie plus vaste de mise en marché, mais selon un professionnel du milieu, trouver un nom de marque et un logo peut coûter de 20 000$ à 40 000$. M Gourdeau, lui, y a gagné un abonnement à vie à Bixi, une gourde et un casque.

La STM en mode écoute
Pour les nouvelles voitures de métro qui arriveront graduellement dès 2014, les Montréalais auront été consultés sur plusieurs éléments.

Les consultations ont été un vif succès, à la vue des chiffres de la STM. Plus de 30 000 personnes ont voté pour le choix de l’habillage extérieur des voitures, aboutissant au choix du dégradé de bleu. En outre, près de 6 000 noms ont été suggérés par les internautes qui ont finalement privilégié «Azur».

Quant au choix des modèles de sièges et de strapontins, la STM a offert la possibilité de tester trois modèles différents pendant quatre jours à la station Berri-UQAM. En tout, 1 800 questionnaires indiquant les préférences des usagers ont été remplis à cette occasion.

Cela n’a pas empêché certains usagers de crier à l’hypocrisie. «Consultez nous sur la qualité de service ou les améliorations de circuits», clame l’un d’eux sur le site de la STM.

La parole à Louise Roy, présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM)
L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) pilote, depuis 10 ans, une douzaine de consultations publiques par an.

Quel projet a beaucoup bénéficié de la consultation?
Probablement celui de la revitalisation des anciens ateliers ferroviaires du CN dans le Sud-Ouest. Les citoyens ont obtenu un changement des accès pour les camions, un parc pour la zone dédiée aux logements sociaux, l’embauche de main-d’œuvre locale pour le chantier et la mise en place d’un marché public. La consultation a permis de débloquer le projet en établissant un dialogue entre promoteurs, citoyens et élus.

Le processus général peut-il être amélioré?
Oui, en s’assurant qu’on consulte les citoyens à plusieurs occasions. Donc, au moment de l’établissement des orientations. Au milieu, lors de l’établissement du plan de développement et pourquoi pas lors de la phase de réalisation avec l’instauration de comités de suivi entre le promoteur, les fonctionnaires et les citoyens. Il faudrait aussi introduire un processus de reddition de comptes pour que les décideurs se positionnent clairement sur chaque recommandation de l’OCPM.

L’OCPM a-t-il des détracteurs?
Il y a ceux qui trouvent que le processus est trop long. Trois mois entre la première séance d’information et la remise du rapport, c’est court, selon nous. Les promoteurs ont l’impression erronée que ceux qui s’expriment sont surtout les opposants.

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