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Sites d’injection supervisée: Comment ça marche?

Photo: Courtesy Vancouver Coastal Health

Les toxicomanes montréalais pourront bientôt s’injecter leur drogue sous la supervision d’une infirmière, dans l’un des quatre endroits prévus à cet effet à Montréal. Ces sites d’injection supervisée visent notamment à prévenir les surdoses et à limiter le nombre de seringues souillées jetées sur la voie publique. Métro s’est entretenu avec la Dre Carole Morissette qui coordonne le dossier pour le compte du CIUSSS Centre-Sud de-l’Île-de-Montréal.

Fonctionnement
Les 4000 usagers de drogue injectable  (UDI) auront accès à ce service quand les trois centres d’injection supervisée seront ouverts dans les arrondissements de Ville-Marie, Hochelaga-Maisonneuve et Le Sud-Ouest, où une unité mobile sillonnera les rues. Une fois inscrits (avec la possibilité de donner un pseudonyme), chaque usager sera brièvement évalué par l’une des 16 infirmières, spécialement recrutées, qui le questionnera aussi sur la drogue qu’il compte s’injecter, avant de lui donner accès à un cubicule et à du matériel d’injection stérile.

«Elle sera là aussi pour intervenir en cas de complications, selon des protocoles bien précis», ajoute Dre Morissette. L’usager passera ensuite par une salle de repos avant de quitter le centre. Là, il trouvera l’oreille attentive des intervenants des organismes Cactus, Dopamine et Spectre de Rue, qui pourront notamment lui conseiller des traitements de substitution. Le budget de cette initiative est de 12,3M$ sur 3 ans.

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Bénéfices
Les sites d’injection supervisée visent notamment à diminuer le nombre de surdoses mortelles. De 2000 à 2005, 51 cas par an ont été enregistrés, contre 72 cas annuellement de 2006 à 2009. Il y a aussi le degré de dépendance. «En 2006, les opioïdes n’étaient la drogue de prédilection que de 10% des UDI. Aujourd’hui, elle l’est de 40%», souligne Carole Morissette.

Or, les opioïdes augmentent la dépendance physique, la fréquence des injections et les risques de surdose. «On veut aussi faire baisser le taux de VIH des usagers de drogue injectable (18%), augmenter le taux de traitement chez les personnes atteintes d’hépatite C et diminuer le nombre de seringues jetées dans la ville», précise Mme Morissette. Traiter des surdoses sur les lieux permettra aussi de réduire la pression sur les urgences et les ambulanciers. Ne reste qu’à embaucher trois infirmières/infirmiers, (avis aux intéressé(e)s), vérifier leurs antécédents, réussir les visites de conformité de Santé Canada et finaliser le plan de formation.

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Sécurité
Selon un sondage réalisé en 2011 auprès de 115 usagers de drogues injectables (UDI), 21% ont indiqué qu’ils ne se rendraient pas dans un site d’injection supervisée. Comme 57% des 4000 UDI de Montréal s’injectent de la drogue au moins 3 jours par semaine, faut-il craindre un afflux dans les sites d’injection, comme Insite à Vancouver qui accueille plus de 1000 personnes par jour? «L’expérience internationale montre que les sites d’injection supervisée ont peu d’effet sur la criminalité aux alentours», souligne Dre Morissette qui travaille sur ce dossier depuis 16 ans.

Montréal a aussi opté pour trois sites différents et une unité mobile pour éviter de stigmatiser un secteur particulier. En outre, les organismes qui participent à l’expérience sont déjà bien implantés dans les quartiers et ont pris l’habitude de gérer l’espace aux alentours. «On ne s’attend pas à une hausse de la criminalité; cela dit, on va faire une vigie de la criminalité dans le secteur et on interviendra au besoin, il n’y aura pas de zone de tolérance», lance Simon Durocher, commandant du poste de quartier 22 du SPVM. La présence policière ne sera pas augmentée afin d’éviter de décourager les usagers, mais la police restera vigilante en raison de «l’effet pot de miel» autour des sites, c’est-à-dire la hausse du nombre de vendeurs de drogue dans ces secteurs.

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