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Sauver la planète par la dictature numérique

Photo: Josie Desmarais/Métro

Pour répondre aux enjeux climatiques, économiques et sociaux qui mettent en péril l’équilibre de la planète, il faudra accepter de mettre en place une dictature numérique «soft», selon le spécialiste en Intelligence artificielle Hugues Bersini qui sera de passage à Montréal mardi dans le cadre de la conférence #intersections.

À quoi va ressembler la vie en 2035?
Dans la vision que j’aie, mon héros se réveille et donne ses instructions à l’assistant domotique intégré dans sa maison. Ce dernier l’avise qu’il ne peut repasser son costume, car il dépasserait la consommation énergétique hebdomadaire prescrite lors de la dernière conférence sur le climat étant donné que sa production solaire est actuellement médiocre. Il se rend ensuite en voiture autonome à son rendez-vous où son patron lui annonce que son poste de notaire n’est plus nécessaire étant donné que la technologie de blockchain est désormais plus efficace pour la gestion des contrats. Sur le chemin du retour, il écrit un SMS rageur à sa femme où est écrit «Me suis fait virer, envie de meurtre». À son arrivée, la police prédictive est à sa porte et l’arrête pour menaces à autrui. Toute la technologie pour en arriver là est déjà en place, c’est dans l’implantation que ça ne va pas assez vite.

D’où l’idée d’une dictature numérique
Depuis 20 ans, le monde déraille et aucun système de gouvernance humaine ne semble capable de répondre aux menaces environnementales, aux crises économiques à répétition et aux inégalités qui sont la source de bien des conflits. Alors que l’informatique et ses algorithmes ont fait des progrès stupéfiants, il peut être tentant de penser que ces derniers peuvent répondre à ces menaces. Mais cela implique de leur confier nos existences. Par exemple, accepter que l’intelligence artificielle de notre maison cadenasse notre consommation d’énergie en fonction notamment d’objectifs écologiques fixés à l’échelon national. C’est ce que j’appelle la dictature numérique soft. «Soft» pour «software», mais aussi «soft» dans le sens où l’on détermine les conditions d’acceptation de la dictature dans une vision de protection du bien commun.

Et sinon?
Si on ne réfléchit pas aux conditions de mise en place de cette «dictature numérique soft», les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) de ce monde prendront la tête de la dictature numérique. Et ce qui les guidera, ce ne sera pas forcément le bien commun, mais plutôt leur portefeuille. Par exemple, Google et ses filiales planchent déjà sur la voiture autonome, la maison intelligente, les robots, l’intelligence artificielle et sont aussi en train de s’implanter dans le domaine des banques et de l’assurance. D’où l’importance de recréer un dialogue entre les gouvernements et les GAFA.

Hugues Bersini, codirecteur du laboratoire belge Iridia donnera sa conférence mardi à 18h au Centre canadien d’architecture dans le cadre du Printemps numérique.

Dans son laboratoire à Bruxelles, Hugues Bersini a créé trois types de robots. Ceux qui volent, ceux qui roulent et ceux qui escaladent. Chacun d’eux est volontairement limité dans ses fonctionnalités, mais ensemble, ils sont capables de communiquer entre eux pour aller chercher un livre dans une bibliothèque. Les application en matière de sauvetage automatisé sont non négligeables.

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