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Décoder l’ADN touristique de Montréal

Depuis 10 ans, le nombre de touristes a augmenté de 50% à Montréal. Ces données sont issues d’un colloque qu’organisait mercredi le Département d’études urbaines et touristiques (DEUT) de l’ESG-UQAM dans le cadre de ses 40 ans d’existence. Voici un aperçu en trois points de ce qui fait l’ADN touristique de Montréal.

Gastronomie
Avec 5785 établissements de restauration, Montréal compte 1 restaurant pour 344 habitants, soit plus que New York (1 restaurant pour 457 habitants). Ajoutez-y 21 écoles culinaires, 400 chefs, 50 marchés fermiers et 40 festivals gourmands et vous aurez compris que Montréal mérite sa place parmi les meilleures villes gastronomiques. «C’est le fruit d’une stratégie déployée depuis 15 ans. Se positionner comme ville gastronomique, c’est attirer les touristes ayant un haut pouvoir d’achat», mentionne Julia Csergo, professeure au DEUT. Selon une étude de la Travel Industry Association, 38% des touristes culinaires américains gagnent plus de 75 000$ par an. Parmi les aspects préconisés par Tourisme Montréal pour placer la métropole québécoise en tant que destination touristique, un chapitre entier concerne le fait d’encourager les restaurateurs locaux. Le fait que le casino de Montréal finance la venue d’un grand chef français tel que Joël Robuchon va à l’encontre de ce que font les autres villes gastronomiques, qui privilégient les chefs locaux, note Mme Csergo.

Patrimoine
Aujourd’hui, 80% des touristes visitent le Vieux-Montréal. Ce qui peut sembler évident ne l’était pas il y a 50 ans. «À l’époque, le Vieux-Montréal comptait à peine 500 résidants et était tellement délabré qu’une firme d’urbanistes avait même proposé de construire une autoroute est-ouest (l’Autostrade) qui passait, en plein sur la rue de la Commune», souligne François Racine, professeur au DEUT. La renaissance du quartier s’est concrétisée par une stratégie en trois axes misant sur la mise en valeur du patrimoine historique, l’augmentation de l’offre touristique et la restauration du tissu résidentiel. Aujourd’hui, environ 6500 habitants habitent le Vieux-Montréal, et le réaménagement du Vieux-Port a permis de bonifier l’offre touristique sans nuire à la vocation résidentielle du quartier, où le bruit est source de mécontentement. Malgré tout, l’absence de commerces de proximité et les problèmes de transport font que les résidants sortent plutôt à Griffintown et au centre-ville et ont tendance à déserter le quartier la fin de semaine, a relevé Priscilla Ananian, qui a sondé près de 330 résidants du Vieux-Montréal afin de mesurer leur degré d’appartenance.

Événements
Pour assoir son image de marque, la ville dispose d’un slogan: Montréal, métropole culturelle. L’offre culturelle attire 26% des touristes, et ses retombées touristiques sont de plus de 1G$ par an, a calculé Tourisme Montréal. «L’Expo 67 a été un tournant majeur dans le développement touristique de Montréal, mais le succès d’une ville tient aussi dans le développement d’une trame événementielle», résume Rhéda Khomsi, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. La tenue des Jeux olympiques de 1976, l’apparition des grands festivals dans les années 1980 et la tenue du 350e et du 375e de Montréal relèvent de cette philosophie. Certains chercheurs de l’UQAM se penchent désormais sur la «touristification du quotidien», un concept de promotion où les résidants sont les touristes de leur propre quartier. En étudiant les vidéos de promotion sur le web de condos dans Griffintown, un finissant de maîtrise, Alexis Guillemard, a ainsi réalisé que les promoteurs utilisaient moins de 20% des images pour montrer l’intérieur du condo, préférant plutôt miser sur la salle de gym, la piscine ou les attractions extérieures du quartier.

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