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Un salaire minimum à 15$/h serait rentable pour le gouvernement, selon une étude

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Hausser le salaire minimum à 15$ pourrait faire gagner au moins 681M$ au gouvernement du Québec, selon une note économique de l’IRIS dévoilée jeudi. Le patronat reste sceptique.

Selon deux chercheurs de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), un think tank de gauche, augmenter le salaire minimum à 15$/h permettrait de faire sortir de la pauvreté près d’un million de travailleurs à bas salaire. Cela permettrait ainsi à l’État d’économiser au moins 230M$ dans les mesures de soutien destinées aux plus pauvres, ferait augmenter les perceptions d’impôts d’au moins 972M$ tout en permettant d’augmenter les recettes liées aux taxes de consommation d’environ 157M$.

Selon les scénarios étudiés, les gains totaux varieraient entre 1,2G$ et 1,6G$ pour les gouvernements provincial et fédéral. Le Conseil du patronat et la Fédération canadienne du commerce indépendant s’opposent à cette mesure et clament que cela occasionnerait une perte de compétitivité des entreprises et des pertes d’emploi.

Si une précédente étude de l’IRIS évaluait les pertes à 20 000 emplois, les auteurs soulignent que la marge financière dégagée par les deux paliers de gouvernements pourrait être utilisée pour financer des programmes d’aide ciblés qui compenseraient pour les pertes d’emploi. «On pourrait, par exemple, aider les entreprises exportatrices pénalisées et bonifier les programmes d’emploi pour reclasser les personnes ayant perdu leur emploi», lance Pierre-Antoine Harvey, chercheur en économie du travail et coauteur de l’étude.

«Je me demande par quel coup de baguette magique, on créerait plus de richesse collective en haussant de façon aussi importante les coûts de main-d’œuvre des entreprises. Sans compter que plusieurs études démontrent que le salaire minimum n’est pas le meilleur moyen pour lutter contre la pauvreté», se questionne Martine Hébert, porte-parole de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante qui n’a pas eu accès à l’étude. Elle souligne que des sondages internes réalisés auprès de propriétaires d’entreprises indiquent que 42% augmenteraient leurs prix et 31% réduiraient l’embauche de travailleurs moins qualifiés en cas de hausse du salaire minimum à 15$/h.

Les chercheurs de l’IRIS ont aussi évalué que les mesures prônées par les associations patronales (bonifier les mesures de soutien au revenu chez les plus pauvres) seraient peu efficaces. «Elles coûtent cher [entre 688M$ et 1,2G$] et son mal ciblées, car elles bénéficient aussi aux classes moyennes et aisées», dit-il en précisant que le Québec contribue déjà à hauteur de 29% du revenu disponible des moins nantis (contre 21% au Canada).

«L’augmentation du salaire minimum représente l’intervention la plus efficace et la mieux ciblée pour augmenter les revenus des travailleuses et travailleurs à bas salaire. Il s’agit de remettre entre les mains des employeurs la responsabilité de garantir à leurs employés un revenu décent», concluent les auteurs de l’étude.

Cette affirmation surprend Mme Hébert: «Dans notre système fiscal, ça demeure à l’entreprise de créer des emplois et de la richesse et au gouvernement de redistribuer cette dernière pour notamment lutter contre les inégalités».

 

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