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Montréal coupe ses agents et confie sa sécurité au privé

Photo: Josie Desmarais/Métro

L’administration Coderre coupera d’ici l’été 47 postes d’agents chargés de la sécurité des biens et immeubles municipaux afin de les confier à des entreprises privées.

«Des personnes qui travaillent depuis 5 à 15 ans pour la Ville et qui ont toujours donné un bon service sont mises à la porte sans que l’on ne se soucie de leur sort. La Ville se privatise et veut vraiment nous éliminer. C’est un sabotage», a clamé mardi Nicolas De Ciccio, l’un des responsables du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP 301).

Le 15 mars dernier, la Ville a lancé un appel d’offres pour trouver une entreprise privée de surveillance. Le contrat n’a pas encore été attribué. Le SCFP conteste actuellement cet appel d’offres devant les tribunaux L’administration municipale a indiqué le même jour au personnel de la division de la sécurité, dans un courrier qu’a pu consulter Métro, «la mise à pied de tous les employés auxiliaires vers la fin du mois de juillet 2017».

Ce chiffre s’ajoute aux 33 postes auxiliaires coupés en 2015 et 2016, selon des chiffres communiqués par la Ville, après que cette dernière ait confié notamment la sécurité du bâtiment du Service de police de la Ville de Montréal aux Commissionnaires du Québec, un organisme privé dirigé par l’ex-directeur du SPVM, Marc Parent. La surveillance du Jardin botanique et du centre sportif Claude-Robillard a déjà été confiée à d’autres firmes privées. 

«Triste et incompréhensible»
Afin de remplacer ces agents non permanents, Montréal – qui emploie 79 agents de sécurité permanents – compte faire appel à des compagnies privées pour veiller à la sécurité de la cour municipale, située au centre-ville, des usines de production d’eau potable d’Atwater et Charles-J.-Des Baillets, ainsi que de plusieurs points de service sur l’ensemble du territoire.

«C’est vraiment triste et incompréhensible», a soupiré l’un de ces agents concernés par ces coupes, qui oeuvre pour l’instant à la sécurité de l’hôtel de ville et qui a souhaité conserver l’anonymat.

En poste depuis une quinzaine d’années «à temps plein», il attendait en vain une permanence jamais arrivée. «On avait toujours cet espoir, mais maintenant c’est terminé, a-t-il repris. C’est difficile, car le travail est toujours là, il existe, mais on ne compte plus sur nous et notre expertise.»

«Même des agents permanents ont peur et sont stressés. Certains sont là depuis 25 ans et ils vont devoir travailler des fins de semaine ou la nuit, car on a coupé les auxiliaires.» – Nicolas De Ciccio, du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal

Des économies pour justification
Pour justifier ce choix, l’administration, qui indique utiliser actuellement ses agents pour réaliser 65% du travail de sécurité, a évoqué des «économies substantielles», en évitant de payer notamment des heures supplémentaires. Indisponible pour répondre aux questions de Métro, Pierre Desrochers a néanmoins réagi lorsque des cols bleus l’ont interpelé au cours du dernier conseil municipal.

Expliquant vouloir offrir aux Montréalais «un service de qualité au meilleur coût possible», le président du comité exécutif a promis un éventuel rappel. «S’il y a quelque chose dans les prochains 24 mois, ils pourront être réintégrés. Nous tentons de faire ce qu’il faut», a-t-il indiqué, précisant également vouloir aider ces agents «à retrouver un emploi».

Un discours qui n’a pas convaincu Michel Muzzey, mis à pied en novembre 2016 après plus de quatre années de service. Âgé de 55 ans, l’ancien agent affecté notamment à la cour municipale assure n’avoir jamais reçu le moindre appel. «Je n’y crois plus, on est laissé à nous-mêmes», a-t-il mentionné.

Pour Projet Montréal, cette situation marque «la gestion cavalière des ressources humaines de la Ville». «Ces gardiens sont dévoués, loyaux et prêts à se mettre en danger pour la sécurité des élus et des Montréalais, a soutenu Craig Sauvé, élu de l’opposition officielle. La Ville envoie un mauvais message à ses propres employés.»

Le cabinet du maire Coderre a précisé, par courriel, qu’«aucune coupure n’est prévue en 2018, voire plus tard».

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