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La faim n’épargne pas les écoles montréalaises

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Photo: Archives | Métro

À moins d’une semaine de la rentrée scolaire, une enquête pancanadienne a dévoilé mardi les inquiétudes de centaines de professeurs quant aux conséquences néfastes de la faim sur la réussite scolaire et l’intégrité personnelle de milliers d’élèves. Et Montréal n’est pas épargnée.

Le sondage, réalisé à la fin juillet par la firme Angus Reid auprès de 405 enseignants d’écoles primaires et secondaires canadiennes, révèle que la faim chez les élèves peut avoir des conséquences néfastes sur leur capacité d’apprentissage et leurs interactions sociales. Les enfants arrivant à l’école le ventre vide seraient ainsi moins productifs que les élèves ayant une alimentation saine et équilibrée. Par ailleurs, les jeunes mal nourris auraient davantage tendance à souffrir d’isolement et à être «irritables et perturbateurs» en classe, selon la grande majorité des enseignants questionnés. Ces élèves seraient également plus nombreux à souffrir d’intimidation en milieu scolaire.

«Les effets néfastes de la faim sont clairs. Un enfant qui n’a pas déjeuner ne sera pas capable de bien se concentrer», a soutenu à Métro la conseillère en communications à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), Gina Guillemette. L’an dernier, la commission scolaire a reçu un montant d’environ 3M$ de la part du gouvernement du Québec dédié à l’aide alimentaire. Ce montant, qui a augmenté de plus de 5% en 2016 par rapport à l’année précédente, est redistribué dans les écoles les plus défavorisées de la CSMB. «Il y a des repas chauds, des déjeuners et des collations qui sont servis [pendant les heures de classe] dans une trentaine d’écoles primaires» de la commission scolaire, a indiqué Mme Guillemette.

Si le montant de l’enveloppe budgétaire remis à la CSMB a augmenté l’an dernier, c’est «parce que les indicateurs de pauvreté démontrent qu’il y a plus d’écoles secondaires défavorisées» au sein de la commission scolaire, a affirmé Gina Guillemette. Toutefois, cette situation pourrait également être expliquée par le fait que le ministère de l’Éducation a élargi dans les dernières années le nombre d’écoles défavorisées éligibles à recevoir une aide alimentaire. Alors qu’auparavant, seulement les écoles ayant un indice de défavorisation de 9 et de 10, soit les plus mal en point, recevaient une aide alimentaire, les écoles classées 8 sur cette échelle peuvent désormais «en bénéficier» également, a expliqué l’attachée de presse du ministre Sébastien Proulx, Marie B. Deschamps.

Embourgeoisement
«La gentrification dans certains quartiers peut fausser les données» régulant l’aide alimentaire offerte aux écoles, a déploré à Métro la directrice générale de l’organisme Garde-Manger Pour-Tous, qui distribue annuellement quelque 2500 repas en milieu scolaire, Ghislaine Théoret. Ainsi, l’embourgeoisement peut «faire en sorte que des écoles sortent des indices de pauvreté» et ne soient donc plus éligibles à recevoir de l’aide alimentaire de la part du gouvernement du Québec, craint-elle. Au cours des dernières années, le nombre de repas servis par l’organisme a augmenté, a-t-elle précisé, sans toutefois fournir de chiffres.

«Il y a des écoles dans La Petite-Patrie qui ont reçu moins de financement pour la mesure alimentaire à cause de la gentrification.» -Ghislaine Théoret, directrice générale de l’organisme Garde-Manger Pour-Tous

Invité à commenter ce dossier, la Commission scolaire de Montréal, qui a reçu cette année près de 3,5M$ de la part du gouvernement du Québec pour son programme d’aide alimentaire, a décliné les demandes de Métro.

 

 

 

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