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Montréal vit «une crise anticipée» des opioïdes, assure Coderre

Des pilules de fentanyl
Le fentanyl, un opioïde 50 fois plus puissant que l'héroïne, a été détecté dans 87% des surdoses mortelles sur les côtes de la Colombie-Britannique en 2018. Photo: La Presse canadienne

Le maire de Montréal, Denis Coderre, souhaite la mise en place d’un projet pilote dans certains quartiers de la métropole pour permettre aux pompiers et aux policiers d’administrer rapidement le remède afin de sauver la vie des victimes du fentanyl, une drogue qui touche de plus en plus de Montréalais.

Cet antidote, appelé le naloxone, est administré pour l’instant par les ambulanciers d’Urgences Santé. «Il faut ratisser davantage», a déclaré mercredi le maire, alors que 12 décès sont «probablement» liés, rien qu’au mois d’août dans la métropole, à cette drogue de synthèse. Celle-ci, selon les médecins, serait entre 40 et 100 plus puissante que l’héroïne.

«J’ai demandé à avoir un diagnostic de la situation actuelle, a détaillé M. Coderre. On vit maintenant une crise anticipée. Ce n’est pas une crise, mais on l’anticipe. Au lieu d’attendre, on met sur pied une série de mesures.»

Suzanne Brissette, chercheuse au Centre de recherche du CHUM, croit qu’il faut agir «rapidement» dans ce dossier. «Dans les autres provinces du Canada, c’est une épidémie, et aux États-Unis, c’est catastrophique, dit-elle. Ce n’est pas arrivé avec cette ampleur à Montréal, mais il faut agir maintenant pour être au-dessus de la vague et non en-dessous.»

Élargir l’accès à la naloxone «est un des outils pour faire face à cette situation», a souligné le Dr Richard Massé, directeur de la Santé publique de Montréal.

Afin de permettre aux premiers répondants – les pompiers – et aux agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de se servir de ce kit de survie, Denis Coderre pousse donc Québec à modifier son règlement. L’élu évoque la possibilité d’un projet pilote dans des quartiers particulièrement touchés par ce fléau, notamment dans les arrondissements de Ville-Marie et de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

«Ça peut se faire très rapidement», a indiqué le maire, appuyé par les unités concernées. «C’est bien de regarder pour élargir, a pour sa part souligné le directeur du SPVM, Philippe Pichet, qui n’est «pas fermé» à une telle idée. «Si ça peut sauver une vie, pourquoi pas.»

Cette demande a trouvé écho du côté du cabinet de la ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois. «Il y a actuellement des discussions à ce sujet concernant la possibilité que les premiers répondants puissent administrer de la naloxone», a confirmé, par courriel, Bianca Boutin, attachée de presse de la ministre, avant de préciser que «la région de Montréal est particulièrement visée» par ces réflexions.

La Dre Suzanne Brissette juge qu’il est «absolument nécessaire d’élargir le nombre de personnes qui ont accès aux trousses de naloxone», comme cela se fait déjà auprès des toxicomanes et de leurs proches.

«La prescription un peu libérale des opioïdes par les médecins est une des causes de la crise actuelle. Dans les facultés de médecine, on travaille à revoir l’enseignement.» – Dre Suzanne Brissette, du CHUM, selon qui «il y a toujours eu de la consommation illicite d’opioïdes depuis que je travaille dans ce domaine, et ça fait près de 30 ans».

Montréal vit, comme l’affirme le Dr Richard Massé, «une augmentation progressive» de cas liés à des surdoses d’opioïdes. Vendredi dernier, le SPVM a mené 7 perquisitions et a arrêté 10 suspects. Ces opérations ont notamment permis de saisir de 13 grammes héroïne, 19 grammes de fentanyl et 1153 comprimés de méthamphétamine.

Québec travaille «actuellement à l’élaboration d’une stratégie de prévention et de réponses aux surdoses d’opioïdes», mentionne également le cabinet de Lucie Charlebois.

 

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