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Valérie Plante: «Être mairesse, c’est un vertige excitant»

Photo: Josie Desmarais

Quels sont les premiers engagements qu’elle honorera? Comment a-t-elle vécu ses premiers pas dans les habits de première mairesse de l’histoire de Montréal? Quelques jours après son élection à la tête de la métropole, Valérie Plante dévoile à Métro ses premières impressions et son ambition à court terme.

En entrant dans la salle du conseil municipal, la mairesse élue hésite. «Quel est le siège de Denis? C’est celui-là?», demande-t-elle, tout sourire, avant de s’installer dans le fauteuil occupé par Denis Coderre au cours des quatre dernières années. «Ça change de vision, non?», blague un agent de sécurité, présent quelques mètres plus loin.

Une fois assise, Valérie Plante prend quelques secondes pour regarder cette pièce historique. Sent-elle désormais toute la pression qui repose sur ses épaules? «Bien sûr, ça donne un peu le vertige, mais c’est un vertige excitant. Ce n’est pas de la panique, ça s’est clair», clame-t-elle.

Rapidement, elle reprend ses messages de campagne. «Mes engagements phares sont au niveau de la mobilité», explique celle qui a eu l’occasion d’échanger au cours de sa première semaine avec les ministres des Affaires municipales et des Transports, Martin Coiteux et André Fortin, ainsi qu’avec Philippe Schnobb, le président de la Société de transport de Montréal (STM).

Son objectif? «Ramener des autobus le plus rapidement», reprend celle qui a évoqué le chiffre de 300 bus hybrides. «Je l’ai dit souvent, c’est la chose sur laquelle je voulais mettre le plus d’énergie et c’est effectivement ce sur quoi j’y mets de l’énergie», mentionne-t-elle, avant d’évoquer un calendrier. «D’ici la prochaine année, on espère pouvoir les rentrer au fur et à mesure», précise-t-elle.

Alors que Québec devrait participer à l’achat de ses véhicules, où seront-ils stockés? Dans le nouveau garage Côte-Vertu, bien que celui-ci soit prévu pour des rames de métro, et dans le garage Saint-Denis, qui ne serait pas à pleine capacité actuellement, détaille la mairesse.

Saillies de trottoir à venir
«Rapidement», Valérie Plante compte aussi «bouger» pour sécuriser les alentours des écoles, notamment dans Ville-Marie. Des saillies et des élargissements de trottoir devraient notamment voir le jour. Le minutage des feux de circulation pourrait aussi être revu.

«C’est une de nos forces [à Projet Montréal], on a déjà montré à quel point c’est efficace», assure la chef du parti, qui promet d’«orienter les travaux publics dans cette direction».

En revanche, elle tranche légèrement avec la ligne ferme présentée par son prédécesseur au début du moins de juillet. Denis Coderre souhaitait alors, dès 2018, imposer une limite de vitesse de 30km/h dans toutes les rues résidentielles. «S’il y a des récalcitrants […] la ville-centre ira chercher un règlement», avait-il dit.

Déjà favorable à cette idée, Mme Plante maintient le cap mais elle ne veut pas «appliquer cette formule mur-à-mur». «Je veux entendre les besoins des arrondissements, leurs particularités, voir les endroits où c’est pertinent de le faire. Mais durant la campagne, à Lachine ou à Rivière-des-Prairies, les gens me parlaient de sécurité. C’est un sujet qui préoccupe tout le monde qui élève des enfants et même les aînés qui me disent qu’ils n’ont pas le temps de traverser la rue», reprend-elle.

Moins de calèches
Alors qu’elle indique peaufiner actuellement, avec son équipe, les différentes mesures à mettre en place pour «soutenir financièrement» les commerces touchés par des travaux de voirie, la mairesse réitère son engagement de réduire le nombre de permis de calèches – il y en 24 actuellement. Dès la prochaine saison touristique, la Ville rachètera «progressivement» ces permis.

L’administration Plante révisera également le controversé règlement sur le contrôle animalier pour retirer la notion liée à l’interdiction de nouveaux chiens de type pitbulls.

«Je ne suis pas d’accord à créer un faux sentiment de sécurité. Ça envoie le message qu’il n’y a que les pitbulls qui sont dangereux, alors qu’il y en a d’autres également. Cibler un type de chien en particulier, non», insiste-t-elle, tout en assurant qu’elle souhaite améliorer «l’éducation auprès des propriétaires de chiens» pour mieux «protéger la population».

Comptant aussi «ouvrir le dossier» lié à l’amphithéâtre en cours de construction sur l’île Sainte-Hélène, Mme Plante espère «récupérer de l’argent sur ce projet pour le réinjecter sur un aspect familial: une promenade riveraine le long du fleuve que la dernière administration a décidé de couper».

La nouvelle patronne de la métropole continue d’enchaîner les thèmes. Disant «aimer» le soccer et espérer l’arrivée de la Coupe du monde 2026 à Montréal, puis vouloir «absolument travailler» sur le retour des Expos – «M. Coderre m’a offert sa collaboration», précise-t-elle -, l’élue admet vivre à un rythme effréné depuis son élection.

«Je suis en mode éponge. Je prends toute l’information de toutes les personnes que je rencontre, confie-t-elle. Ce n’est pas négatif, mais la Ville demeure un casse-tête. Il faut trouver le bon morceau et puis réussir à faire quelque chose qui se tient avec les forces et les personnes complémentaires.»

Quittant son nouveau fauteuil de mairesse, l’intéressée sourit. «Vous savez, ce sentiment d’être au bon endroit, au bon moment? C’est ça que j’ai.»

***

Lavenir du chef de police incertain

Aucune décision n’a encore été prise sur le maintien ou non de Philippe Pichet à la tête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), nommé par Denis Coderre en 2015. Une première rencontre a été organisée mercredi «pour apprendre à nous connaître» et parler également «de la crise actuelle», explique Mme Plante, souvent critique par le passé à l’égard du chef de police. «Avec raison, c’est normal, lâche-t-elle. Les citoyens méritent un service de police transparent, intègre».

La mairesse veut se laisser un temps de réflexion avoir de prendre une décision, tout en gardant une porte ouverte à son maintien. «Je ne suis pas une chef qui arrive et qui fait rouler des têtes, assure-t-elle. Je ne ressens pas le besoin que ce soit juste mon monde, au contraire. Je considère que les gens qui servent la population, peu importe leur rôle, le font parce qu’ils y croient. Je me donne de la marge de manœuvre pour prendre une décision en temps et lieu, mais je ne suis pas pressée de le faire.»

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