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Racisme décrié dans une école primaire de Montréal

Photo: Josie Desmarais

C’est un exercice en apparence simple et innocent qui a été distribué à une classe de 6ème année de primaire de l’Académie Saint-Clément à Ville Mont-Royal. Intitulé « J’apprends le français en m’amusant », les élèves devaient trouver les diminutifs de noms communs. Dans la liste, il y avait des mots d’animaux, comme par exemple, loup, ours, âne,   et puis à la suite, est arrivé le mot «nègre».

Lorsque la fille d’Asha a découvert ce mot, elle n’en croyait pas ses yeux. «Le professeur est intervenu pour dire que c’était tout à fait normal, qu’il n’y avait rien de raciste là-dedans, que c’était des mots tout à fait utilisés, comme dans Tintin au Congo, ce qui n’est pas une référence», a mentionné lundi la mère, encore secouée par cette situation.

Asha et Nathalie, les mères des deux élèves, se sont demandé depuis combien de temps ce professeur a utilisé cet exercice et se sont indigné que la direction ait laissé faire. Le matériel pédagogique utilisé par les enseignants est censé être approuvé par le ministère de l’Éducation et la direction de l’école.

Le directeur du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi, a pointé du doigt le manque de diversité dans le corps enseignant, tout en évoquant la croissance du nombre d’élève issus de l’immigration, qui peut mener à ce type de situation, soutient-il. Il a aussi dénoncé le manque de formation des enseignants sur les questions de discrimination.

« On vient de terminer le Mois de l’histoire des Noirs. Combien de commissions scolaires francophones ont participé à cet événement», se demande Fo Niemi, en soulignant l’ironie de la situation, puisque l’exercice controversé a été distribué pendant cet événement.

La Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) a affirmé ne pas avoir été informée de la situation. Elle a indiqué ne pas cautionner «l’utilisation d’une telle expression».

Ni la direction de l’école, ni l’enseignant n’était disponible pour donner des explications pour cause de relâche scolaire.

«On est en 2018, on est plus dans les années 1950. C’est irresponsable de la part d’un professeur ou d’une école de distribuer ce genre de document à des enfants de primaire. C’est une forme d’invitation aux autres enfants qui ne sont pas afro-descendants à banaliser ce terme et à l’utiliser, c’est très choquant», se sont indigné les deux mères des élèves de l’Académie Saint-Clément. Selon elles, l’enseignant en question a déjà eu un comportement problématique vis-à-vis de la couleur de peau de leurs enfants, ce qui les a poussé à faire une demande de changement de classe. Celle-ci a été refusée par l’école, ont-elle rapporté.

S’il note un «effet Trump» dans la libération de la parole raciste au Québec, Fo Niemi a aussi constaté que ce discours a des répercussions concrètes. «Ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement des discours, mais surtout des actes», a-t-il souligné, en relevant plusieurs cas d’intimidation à caractère racial en milieu scolaire, où les commissions sont mal outillées selon lui pour «réagir de manière adéquate et efficace pour protéger les enfants de couleurs».

 

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