Soutenez

Sabrina Krief, médecin des chimpanzés

Photo: Jean-Michel Krief/Collaboration spéciale

Nouvellement vétérinaire, Sabrina Krief quitte sa France natale pour le Congo. Elle y découvre sa passion, qui alimente sa vie depuis 12 ans : les chimpanzés. Aujourd’hui, elle partage son existence entre le Muséum national d’Histoire naturelle, en France, ses étudiants et les chimpanzés ougandais. Entrevue avec une passionnée.

D’où vient votre passion pour les chimpanzés?
Je les ai découverts à la fin de mes études dans le cadre d’un projet où l’on relâchait dans la nature des chimpanzés qui vivaient en captivité. C’était incroyable de voir comment ils réussissaient à se nourrir sans s’intoxiquer dans une nouvelle forêt.

Ils le savaient instinctivement, ou ils l’avaient appris?
On a découvert qu’il y a beaucoup de transmission sociale. Même les adultes observent les autres, surtout pour les plantes qui peuvent les soigner.

Des plantes pour les soigner?
Par exemple, une plante, la trichilia, produit des molécules à l’action antipaludique. L’écorce d’un arbre, l’albizia, produit quant à lui des molécules anticancéreu­ses et peut guérir un individu ayant des vers digestifs.

Comment êtes-vous arrivée à cette découverte?
Une jeune femelle chimpanzé malade se donnait beaucoup de mal pour consommer cette écorce, alors que sa famille consommait autre chose. En isolant les molécules de cette écorce, on a trouvé ces propriétés.

En quoi l’homme et le chimpanzé se ressemblent-ils?
Nous sommes très près génétiquement, nous partageons donc certaines maladies. Cela expliquerait les ressemblances entre la médecine traditionnelle et la nourriture consommée par les chimpanzés malades.

[pullquote]

Comment votre travail est-il accueilli par les pharmaceutiques?
Favorablement, parce qu’aujourd’hui, les endroits pour s’inspirer de la nature pour de nouvelles molécules sont rares. Seulement de 5 à 10 % des plantes qui ont des propriétés médicales sont connues.

Vous travaillez pour l’avenir de l’homme, des singes ou de la planète?
Ma priorité reste la préservation des grands singes et des écosystèmes, mais si on peut contribuer à la santé humaine, j’en suis ravie.

Qu’est-ce qui est le plus difficile?
(Rires) Trouver le financement pour faire les recher­ches et pas­ser du temps à rédiger, mais le terrain et les relations entre collègues en valent la peine.

Sentez-vous que votre message est bien accueilli?
Le public canadien ou français comprend l’importance d’agir pour réduire l’impact sur les forêts tropicales. Le charisme des singes est un bon point d’entrée pour une bonne écoute.

Conférence
Sabrina Krief donnera une conférence ce mercredi au Biodôme de Montréal intitulée Dans
les pas des Chimpanzés… vers de nouvelles pistes pour la santé humaine.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.