Le projet pilote sur Camillien-Houde est «une réussite», selon la Ville de Montréal
Le projet pilote visant à mettre fin à la circulation de transit sur le mont Royal, qui se conclut mercredi, s’avère être «une réussite», juge la Ville de Montréal et l’administration Plante.
Le responsable des grands parcs, Luc Ferrandez, a dit être «extrêmement satisfait» et que les résultats préliminaires étaient «inespérés». «Quand on était sur la montagne cet été, on sentait la différence, on sentait le calme, la tranquillité», s’est-il réjoui.
Selon le rapport préliminaire de la Ville, «les débits de circulation ont chuté de manière très importante».
Les chiffres présentés indiquent qu’en mai, aux heures de pointe, de 500 à 800 véhicules circulaient sur le mont Royal chaque heure. Après la mise en place du projet pilote, en juin, ces chiffres se situaient plutôt de 100 à 300 véhicules à l’heure.
Ainsi, sur la voie Camillien-Houde, le nombre de véhicules circulant en semaine est passé de près de 10 000 avant le projet pilote à 3700 alors que sur le chemin Remembrance, il a chuté de 10 800 à 2700. La fin de semaine, la baisse est toutefois moins marquée. Sur la voie Camillien-Houde, le nombre de véhicules est passé de 7700 à 4600 tandis que sur le chemin Remembrance, il a diminué de 7300 à 3200.
Et si une augmentation de la circulation a été notée sur les rues avoisinantes, «il n’y a pas eu de complication majeure», bien qu’il y ait eu des chantiers qui ont ajouté aux complications, a noté le responsable du mont Royal au service des grands parcs, Pierre-Paul Savignac, lors de sa présentation au comité exécutif.
Luc Ferrandez a expliqué qu’il s’agissait là d’une des craintes de l’administration. «Il y a tellement de routes entourant le mont Royal que même s’il y a eu une augmentation, les routes sont capables de le prendre. Il n’y a pas eu d’impact sur la congestion», a-t-il remarqué.
Le chef de l’opposition, Lionel Perez, croit que ces constats confirment les doutes qu’il avait avant le début du projet pilote. «L’enjeu numéro était le décès de Clément Ouimet et la sécurité des cyclistes. Bien qu’il y ait une réduction d’achalandage, les conflits entre automobilistes et cyclistes sont toujours présents, a-t-il souligné. Il y avait un faux sentiment de sécurité parce qu’on a répété à outrance qu’il y avait une interdiction. On va devoir retourner à la table à dessin.»
En effet, M. Savignac a rapporté que «le Belvédère soleil a fait ressortir la problématique de son accessibilité, qui a contribué à des virages en U, et du stationnement sur les accotements. Aucune reconfiguration de la voie n’a été faite et certaines problématiques persistaient».
D’ailleurs, si la vitesse en descente des automobilistes a baissé pour approcher la limite maximale, «des situations conflictuelles entre les différents usagers et des comportements dangereux de la part d’automobilistes et de cyclistes ont encore été observés», conclut la Ville.
Par exemple, la vitesse moyenne des cyclistes en descente est d’ailleurs supérieure à celle des voitures et autobus de près de 10km/h.
«On a aussi une augmentation d’autobus, de touristes qui viennent sur le belvédère», a rappelé M. Ferrandez.
Rappelons que c’est la mort du cycliste Clément Ouimet, fauché par une voiture effectuant un virage en «U» illégal en octobre 2017, qui a mené à l’idée de mettre fin à la circulation de transit sur le mont Royal.
Le maire du Plateau-Mont-Royal a souligné que ces manœuvres dangereuses faites cet été ne se sont pas traduites par des accidents, ce qu’il voit positivement. «Il y a autant de gens qui en font en proportion, mais il y a plus de 50% moins de voitures. Ça risque d’être dangereux dans l’avenir parce qu’on va avoir une augmentation des piétons et des cyclistes. Il faut prendre acte et trouver des solutions. Mais je vais attendre d’entendre ce que les ingénieurs ont à dire», a soutenu M. Ferrandez qui a reconnu que la configuration du belvédère n’était pas idéale.
Lionel Perez craint que la décision de mettre fin au transit sur le mont Royal ne soit déjà prise. «Ils veulent mettre la population devant un fait accompli et se justifier», a-t-il dit, parlant du rapport préliminaire comme un «exercice de relation publique».
M. Ferrandez se défend d’avoir déjà une idée toute faite de mettre fin au transit de véhicules par le mont Royal et assure que l’administration attendra le rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), en février, avant de prendre sa décision finale.
«Il y a d’autres variables comme la satisfaction des gens, ces variables-là doivent être prises en considération. Au prix où nous coûte l’OCPM, on va attendre que l’OCPM fasse son rapport. C’est une consultation extraordinaire avec 10 000 participants et des dizaines de mémoires qui ont été déposés», a affirmé M. Ferrandez.