L’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus devrait rouvrir ses portes

Plus de trois ans après sa fermeture, l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus pourrait finalement ressusciter.

La majestueuse église, située à l’angle des rues Adam et De La Salle, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, avait fermé ses portes en juin 2009, car elle coûtait trop cher à entretenir. Depuis, un comité de sauvegarde, composé d’élus et de représentants d’organismes, milite dans le but de donner une nouvelle vocation culturelle à cet édifice emblématique, reconnu pour son impressionnant orgue Casavant.

Le comité soutient que le cardinal Jean-Claude Turcotte, alors qu’il était archevêque de Montréal, avait donné son aval au projet et accepté de lui céder le site pour 1$. Un organisme à but non lucratif avait alors été créé pour gérer le projet, le Complexe du Très-Saint-Nom-de-Jésus.

Pourtant, dans un article publié lundi dans La Presse, le curé de la paroisse, Roger Dufresne, avançait que l’archevêché voulait restaurer l’église, construite entre 1903 et 1906, pour lui redonner ses fonctions de culte.

Lundi, la députée d’Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, et le président du Complexe Très-Saint-Nom-de-Jésus, Robert Cadotte – tous deux membres du comité de sauvegarde – ont rencontré le nouvel archevêque de Montréal, Christian Lépine, pour éclaircir la situation.

«J’étais de mauvais poil en arrivant à la réunion, a confié M. Cadotte à Métro. Mais l’archevêque s’est montré beaucoup plus ouvert que je le prévoyais, et j’en ressors satisfait. On entre de nouveau en discussion.»

Un optimiste que partage Carole Poirier, qui affirme que des rencontres subséquentes auront lieu pour définir la place de chacun dans le projet, mais que l’édifice aura «une partie culturelle et une partie cultuelle».

Le centre multifonctionnel axé sur l’orgue, que le comité de sauvegarde avait imaginé à l’époque, devrait pouvoir avoir sa place dans le projet. L’édifice pourrait donc servir à la fois de centre culturel et de salle de spectacle. Mais une portion devra être réservée au culte, pour raviver la paroisse. «Tout est sur la table présentement, mais le nouvel archevêque est très ouvert», constate Mme Poirier, qui a qualifié la rencontre de positive et d’harmonieuse.

Reste à voir qui paiera pour ces travaux de restauration, que le Complexe évalue à près de 7 M$. Comme le culte devrait avoir sa place dans l’église, le projet de rénovation pourrait recevoir d’importantes subventions du Conseil du patrimoine religieux du Québec. Carole Poirier ajoute que le Complexe pourra également aller chercher du financement de la part du Patrimoine canadien.

La majeure partie des travaux consisterait à remettre l’église en bon état, puisqu’elle tombe en ruine en ce moment. L’édifice fait d’ailleurs partie des dix sites les plus menacés de la métropole, selon la liste qu’Héritage Montréal a diffusée la semaine dernière.

Dans son projet initial, le Complexe souhaitait enlever quelques bancs et ajouter certains plateaux pour rendre la salle plus mobile. «En même temps, on ne veut pas mettre des cloisons, parce que le décor est tellement extraordinaire! s’exclame M. Cadotte. On ne veut pas se priver de l’essentiel, c’est probablement le plus beau décor qu’on peut espérer pour une salle de spectacle!»

Rien n’est défini pour l’instant, mais, chose certaine, Mme Poirier et M. Cadotte se réjouissent que les négociations aient repris. «Ce ne sera pas tous les jours facile, parce que chacun sait ce qu’il veut, mais si on travaille tous à rouvrir ce chef d’œuvre architectural à la population et à s’assurer que l’orgue résonne encore, je pense qu’on va réussir à s’entendre», espère la députée d’Hochelaga-Maisonneuve.

Des orgues réputées
L’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus abrite deux orgues de la maison Casavant, datant de 1914. L’orgue principal est parmi les plus imposantes et importantes en Amérique du Nord.