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Les femmes peinent à s’imposer dans le monde des cols bleus

Photo: Denis Beaumont/Archives Métro

Le pourcentage de femmes occupant des emplois de cols bleus à Montréal piétine à 20% depuis 10 ans, et ce, malgré les plans d’accès à l’égalité en emploi, révèle une étude rendue public lundi.

Après avoir mené une enquête par questionnaire auprès de 1 700 hommes et femmes cols bleus, le Conseil des Montréalaises a constaté que l’intégration des femmes est très difficile dans les métiers liés au travail manuel – construction, plomberie, soudure, sécurité, entretien -. «Le sexisme est encore ambiant dans l’ensemble des arrondissements. Trop d’hommes persistent à croire que les femmes n’ont pas les aptitudes pour occuper des postes de cols bleus», a déclaré la présidente du Conseil, Cathy Wong.

L’analyse des données recueillies a notamment mis en lumière un climat de travail où le harcèlement sexuel est fréquent, le travail est peu sécuritaire et les horaires et congés de travail sont peu adaptés à la famille. Surtout, les femmes sont confrontées à des actes de discrimination dès l’étape de l’embauche: l’employeur exige l’accomplissement de tâches physiques qui ne sont pas nécessaires pour se qualifier.

Les administrateurs de la Ville de Montréal qui ont assisté au lancement de l’étude ont accueilli les résultats de l’étude avec grand intérêt. «C’est la première fois que nous avons accès à ce type d’informations concernant les cols bleus. Nous l’utiliserons comme outil de référence», a assuré Jean-Yves Hinse, directeur principal au Service du capital humain et des communications. Ce dernier s’est à nouveau engagé à atteindre 25% de taux d’embauche de femmes dans l’appareil municipal d’ici trois ans.

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Pour augmenter le nombre de femmes cols bleus, il faut changer la culture organisationnelle, a avancé Cristelle Lebreton, sociologue du travail et membre du Conseil des Montréalaises. Après avoir pris connaissance des résultats de l’étude, Mme Lebreton a noté une tendance à la création de «ghettos d’emplois» parmi les cols bleus, soit un confinement de 90% des travailleuses dans certains secteurs liés à l’entretien et travaux généraux. «Ceci contribue à accentuer l’écart salarial entre les hommes et les femmes, étant donné que les postes “inaccessibles” aux femmes sont les mieux rémunérés», a-t-elle ajouté.

Les constats soulevés dans l’étude n’ont pas surpris la professeure à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, Émilie Genin. Selon elle, les recherches prouvent que le rôle des supérieurs immédiats est essentiel pour changer la culture au sein des organisations réfractaires aux femmes. «Ce sont les superviseurs qui vont faire appliquer les politiques d’intégration sur le terrain et assurer une tolérance zéro pour toute manifestation de harcèlement», a-t-elle noté.

Aperçu du nombre de femmes à la Ville de Montréal
-20% des cols bleus
-30% des policiers
-40% des élus municipaux

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