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Le campement des indignés montréalais s'organise pour un long siège

Valérie Duhaime / LA PRESSE CANADIENNE

MONTRÉAL – Après deux nuits passées sous les tentes au centre-ville de
Montréal, les « indignés » de la métropole assurent qu’ils sont là pour
rester, peu importe les conditions météorologiques et les difficultés
qu’ils rencontreront.

Les participants au mouvement « Occupons Montréal » campent depuis samedi
au square Victoria, au pied de la Tour de la Bourse et du Centre de
commerce mondial, dans le quartier des affaires.

Au Canada, des mouvements d’occupation semblables ont lieu à Toronto, Vancouver et Edmonton.

Répondant à l’appel international de dénonciation du système économique
et politique actuel, le mouvement montréalais s’organise peu à peu et
les tentes s’accumulent. Lundi matin, on comptait une centaine de tentes
au pied de la statue de la reine Victoria. Une cuisine, un kiosque
d’information et une réserve de couvertures et de vêtements chauds ont
été mis sur pied.

Les participants rencontrés assurent que le mouvement est pacifique et
ne cherche pas à troubler la quiétude de la population. Dans le camp, le
couvre-feu est établi à 23 h, alors que les tam-tams et les guitares
doivent se taire. Chaque jour également, une assemblée générale est
organisée à 18 h, question de gérer la vie de groupe.

Marion, qui dort sous la tente depuis samedi, affirme que les campeurs
comptent rester « aussi longtemps que ça sera nécessaire ». « On est très
convaincus, on n’est pas en train de faire du camping, c’est pas un camp
de vacances. (…) On est là parce qu’on veut être là, parce que la
cause nous tient à coeur, parce qu’on sait qu’il y a quelque chose
d’important qui s’en vient », explique-t-elle.

Pascal, arrivé au square Victoria dimanche après une visite au mouvement
bostonien la veille, explique que le froid n’est pas un problème, les
participants étant préparés à faire face à l’automne québécois. « Tout le
monde ici est ensemble et s’entraide. Si moi, j’ai quelque chose qui
peut aider, je vais l’apporter et les autres aussi. »

Les manifestants rencontrés assurent également que les badauds accostés
sur la rue semblent intéressés à entendre les nombreux messages
véhiculés par le mouvement.

« Une fille m’a raconté qu’elle interpellait les gens qui allaient
travailler dans les bureaux autour et leur posait des questions, pour
savoir s’ils connaissaient le mouvement. Elle était surprise de voir le
soutien de la population. Ce sont des gens qui sont dans les bureaux
autour et qui connaissent plus d’informations que nous sur les petites
failles de l’économie. Ils peuvent ensuite retourner dans les bureaux et
faire de la sensibilisation. Notre approche est vraiment pacifique et
on veut intégrer la population », raconte Marion.

Les revendications des manifestants, qui sont nombreuses et variées,
semblent s’orienter principalement autour d’une indignation générale
face au système occidental actuel. L’utilisation abusive des ressources
économiques et environnementales, la répartition de la richesse et les
dérives de la démocratie sont des sujets de mobilisation fréquemment
mentionnés.

Pour Éric, présent depuis le tout début samedi dernier, pas question de
laisser passer la chance de revendiquer de profonds changements.

« On nous demande tout le temps c’est quoi notre demande. Nous tous, peu
importe qui, on a tellement laissé passer de choses », dit-il.

« J’ai regardé l’Égypte et la Tunisie en me demandant, pourquoi pas ici?
J’ai regardé Wall Street depuis le premier jour en me disant qu’il
fallait que ça se passe ici. Des raisons? Je veux que ma fille puisse
étudier sans s’endetter pour le restant de ses jours. Je ne veux pas que
des gens soient envoyés à l’autre bout de la planète pour tuer des gens
qui ne nous ont rien fait. Je veux que Jean Charest soit au moins
enquêté pour une fraction de la corruption dont il est coupable. Je ne
veux pas que la mafia ait un mot à dire sur la politique. Par où je
commence? »

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