Ce que nous réserve 2014 à Montréal

Environnement : Pétrole, compost et agrile du frêne
L’Office national de l’éner­gie se prononcera sur l’inversion du pipeline 9B d’Enbridge, qui amènerait chaque jour 300 000 barils de pétrole de l’Ouest dans les raffineries québécoises, au grand dam d’écologistes comme Jérôme Normand, d’ENvironnement JEUnesse. Un projet de pipeline encore plus grand pourrait être avalisé.

Coralie Deny, DG du Conseil régional de l’environnement, scrutera l’avancement du dossier du compostage. Un des quatre sites potentiels a été écarté. «Plus on attend, plus ce sera difficile d’atteindre les objectifs de réduction de l’enfouissement. On risque de perdre les financements gouvernementaux», explique-t-elle.

Les écologistes se félicitent des premiers pas vers l’atteinte de l’objectif de plantation de 300 000 arbres d’ici 2022. Ils suivront néanmoins l’avancée de l’agrile du frêne, qui continue ses ravages. Un sommet sur ce thème est prévu en février pour protéger les 400 000 frênes de Montréal. (Mathias Marchal)

Transport : Des voitures de métro attendues
Des projets très attendus se concrétiseront. Le train de l’Est arrivera en gare à la fin de l’année, avec près de cinq ans de retard sur l’échéancier initial.

À la suite d’une longue saga, les voitures de métro Azur seront livrées. Elles subiront plusieurs tests avant leur mise en service, prévue à la fin de l’année.

L’information en temps réel débarquera graduellement dans les autobus de la STM. L’installation des écrans Métrovision sera complétée dans les stations et le réseau mobile prendra de l’ampleur sur les lignes verte et orange.

Les travaux préliminaires à la reconstruction de l’échangeur Turcot se poursuivront. Le contrat avec le consortium d’entreprises qui sera chargé des gros travaux sera signé au cours de l’année, afin que ceux-ci puissent commencer en 2015. Quant au pont Champlain, le dossier d’affaires sera dévoilé en janvier. (Marie-Eve Shaffer)

Justice : Turcotte, prise 2
Dès le début de 2014, tous les yeux seront rivés sur le deuxième procès de Guy Turcotte. «Cette affaire a suscité une grande attention médiatique durant le premier procès. Il sera très difficile de choisir les membres du nouveau jury», affirme Me Claude Provencher, ex-directeur général du Barreau du Québec et nouveau PDG de la clinique juridique Juripop.

Par ailleurs, selon lui, la commission Charbonneau continuera de mettre en lumière les irrégularités et les cas de collusion et de corruption. «Il est très probable que des poursuites liées à des témoignages présentés devant la commission Charbonneau soient engagées cette année», avance-t-il. Le procès de l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt permettra aussi de faire la lumière sur toutes les allégations faites à son sujet, observe le juriste.

Sur le plan national, le plus grand recours collectif de l’histoire du pays, le dossier du tabac, se terminera au printemps. Rappelons que les procédures de cette poursuite de 27 G$ ont été entamées il y a 15 ans. (Daphnée Hacker-B.)

Architecture : Prêt au décollage
L’année 2014 en sera une «de décollage», d’après Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal. «L’année 2017, [375e anniversaire de Montréal], c’est la Lune, et 2014, c’est le décollage au cap Kennedy. Si vous ratez votre décollage, la Lune va rester où elle est, mais on ne va jamais s’y rendre. On comptera sur des festivals et des bébelles, mais on n’aura pas vraiment bâti un legs», illustre-t-il.

Selon M. Bumbaru, il sera temps, en 2014, de décider du sort d’immeubles patrimoniaux tels que l’hôpital Royal-Victoria et l’Hôtel-Dieu, qui deviendront vacants en 2015 et 2016, ainsi que de l’Institut des sœurs de la miséricorde.

Une réflexion sur les grands projets devrait aussi être lancée, croit M. Bumbaru, qui déplore la «monstruosité» du CHUM et du CUSM, qui sortiront de terre en 2014, et se dit inquiet devant la proposition de revitalisation du carré Saint-Laurent. (Marie-Eve Shaffer)

Culture : Changements de garde prévus
On pourra constater les impacts négatifs ou positifs, en 2014, de l’achat de l’équipe Spectra, qui produit notamment le Festival de jazz, par le Groupe CH. «Ça pourrait avoir un effet sur les prix des événements, sur l’offre culturelle et sur les conditions de travail des artistes», estime Simon Brault, président de Culture Montréal.

Il y aura aussi des nominations importantes sur la scène culturelle, puisque le Festival TransAmériques et l’Office national du film se chercheront de nouveaux dirigeants. «Les changements de garde peuvent amener des bouleversements dans la dynamique d’un organisme, la programmation et la clientèle attirée», juge M. Brault.

D’autre part, les anciens locaux industriels que peintres, sculpteurs, artistes multimédias et artistes de la scène louent souvent pour travailler se transforment de plus en plus en condos et coûtent de plus en plus cher, et les artistes sont délogés. Cet enjeu des ateliers d’artistes, auquel le maire Coderre dit être sensible, devrait donc aussi revenir dans l’actualité.

Finalement, Culture Montréal espère que l’administration municipale fera l’effort d’accroître la signalisation culturelle, afin de rendre les lieux culturels plus visibles pour les résidants et les touristes. (Roxane Léouzon)

Ville de Montréal : Un inspecteur dès février
En février, le visage du nouvel inspecteur général de la Ville sera enfin dévoilé, selon le maire Denis Coderre. Mais le dossier ne roule pas aussi bien que ce qu’il espérait, rappelle Richard Bergeron, chef de Projet Montréal. «Le gouvernement ne consentirait pas à donner tous les pouvoirs que Coderre espère transmettre à l’inspecteur», note M. Bergeron.

Le budget sera également un enjeu important au moment du vote, dès le mois de janvier. Le maire a promis qu’il n’augmentera pas les taxes des Montréalais plus que l’inflation.

«Il y aura des sacrifices, des décisions difficiles à prendre», mentionnait le maire en entrevue.

Projet Montréal espère également imposer ses idées en termes de transport. Le parti ramènera la question de l’auto en libre-service au prochain conseil municipal de janvier. «Élément par élément, on veut aider Denis Coderre à acquérir des compétences sur ce sujet et à prendre de bonnes décisions», précise M. Bergeron. (Laurence Houde-Roy)