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Les créateurs d’art numérique s’éclatent

Photo: Yves Provencher/Métro

Un premier Printemps numérique s’organise à Montréal. Au cours des deux prochains mois, les créateurs d’art numérique sortiront de leurs ateliers pour démontrer leur savoir-faire au grand public. À leur tête, il y aura deux artistes, Mélissa Mongiat et Mouna Andraos, qui ont déjà prouvé ce dont elles sont capables au Quartier des spectacles (21 balançoires) et au Planétarium Rio Tinto Alcan (Chorégraphie pour des humains et des étoiles).

«C’est comme si Montréal allait vibrer au grand complet au rythme de l’art numérique», lance Melissa Mongiat, à propos du Printemps numérique. Celui-ci fera le lien avec la centaine d’événements, les petits comme les plus imposants, qui toucheront les arts numériques au cours des prochaines semaines. Découverte d’un art en pleine émergence.

Qu’est-ce que l’art numérique?
Melissa Mongiat: C’est un art qui utilise les technologies…
Mouna Andraos: …comme médium de création. C’est un art qui est toujours curieux et intéressé de connaître les derniers outils qui sont disponibles. C’est un médium qui est souvent très collaboratif. Les gens vont travailler en art numérique, mais aussi à travers des collaborations en danse par exemple. C’est pour cela que l’Office national du film et [le réalisateur] Norman McLaren sont collaborateurs.

L’art numérique peut sembler très jeune, mais dans les faits, ça fait plusieurs décennies qu’il y a des œuvres d’art numériques…
MM: Depuis qu’il y a des machines, on essaie de s’exprimer avec elles.
MA: À Montréal, il y a un historique qui date clairement d’Expo 67. Un des acteurs importants de l’art numérique, c’est Luc Courchesne, de la Société des arts technologiques. Il présentait récemment un historique de son parcours. Il a remonté un écran 360 degrés qui a été fait pour l’Expo 67. Pour lui, étant jeune, c’était une de ses inspirations. Pour la Ville, ça été un moment où l’imaginaire s’est allumé sur les possibilités. Dans les années 1960 et 1970, l’art numérique s’est développé et dans les années 1980, les artistes ont continué à travailler.
MM: À l’époque, ça se passait dans les gros laboratoires de recherche alors que maintenant, ça se démocratise et tout le monde peut jouer avec les différentes technologies et s’amuser. Ce que Mouna et moi faisions il y a dix ans, ça se fait beaucoup plus facilement maintenant. Les mêmes installations qu’on faisait il y a dix ans se font avec beaucoup moins de filage et de programmation aujourd’hui.

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Pourquoi avez-vous choisi l’art numérique plutôt qu’une autre forme d’art?
MM: C’était sur le parcours. Je travaillais la narration, les environnements narratifs, l’espace public. Et [l’art numérique] est tellement un moyen magique pour aller chercher la participation des gens.
MA: Ç’a toujours été un intérêt de participer à la création de quelque chose qui est en train de définir et de changer notre monde, à savoir toutes ces nouvelles technologies. Ça a commencé avec l’internet. J’ai travaillé assez tôt pour réfléchir à comment fonctionne un ordinateur et ce que c’est. Je voulais, comme créateur, participer à l’utilisation de cette chose-là et regarder vers l’avenir. C’est clairement un média qui donnait un peu plus de possibilités d’expérimenter et de faire sa marque.

Est-ce que l’art numérique a la même reconnaissance que les arts plus traditionnels?
MM: Non. Et c’est pour cela qu’on a écrit le Manifeste pour les nouvelles écritures. [NDLR: Des créateurs ont publié cet automne un manifeste pour réclamer davantage de reconnaissance de l’art numérique et un meilleur financement du gouvernement du Québec.] Les artistes du Québec ont énormément de succès à travers le monde. Il y a une grande production en art numérique, mais ça demeure encore difficile.
MA: La réponse facile est non. Mais c’est aussi un art très polyvalent. Il y a des Québécois qui travaillent un peu plus dans le commercial. D’autres, plus traditionnels, vont travailler le milieu des galeries.
MM: Il y a quand même deux gros festivals et une biennale.
MA: Montréal est en train de se positionner comme un centre névralgique de création. On espère qu’avec le Printemps numérique, la ville deviendra un lieu de diffusion important. Les créateurs sont là. Pour nous, c’est une ville qui est vraiment l’fun pour faire ce qu’on fait. Avec des événements comme Elektra ou Mutek, qui existent depuis longtemps, il y avait de belles plateformes de diffusion avec des artistes qui viennent de l’international.
MM: Et motiver les gens pour voir ce qui se fait ici.

Quels sont les défis de l’art numérique?
MM: Une grande part des défis, c’est d’être reconnu comme une industrie à part entière. Il y a des défis de pérennité avec les bureaux d’art public qui commencent à s’intéresser à l’art numérique. Il y a des défis de conservation et il y a des défis de diffusion. C’est une pratique qui est nouvelle et qui est émergente. Les paramètres ne se définissent pas comme les autres pratiques.

printempsnumerique.info

Des œuvres d’art numérique phares pour Mélissa Mongiat et Mouna Andraos

  • Body Movies, de Raphaël Lozano-Elmmer (Rotterdam, 2001)

D’immenses photos de personnages ont été projetées sur la façade d’un bâtiment recouvert d’une toile blanche. Avec les ombres, les passants étaient invités à prendre la même position que les personnes dont l’image était projetée. Dès que les personnages ont trouvé un équivalent, les photos changeaient. «Le dispositif était très simple, mais il faisait en sorte que les gens entraient en relation, en faisant partie du tableau, mentionne Mélissa Mongiat. À l’époque, ça surprenait beaucoup l’imaginaire. Les gens se sont mis à raconter différentes histoires.»

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ENyOj26hmH0])

  • Listenning Post, de Mark Hansen et Ben Rubin (2001)

Dans une installation circulaire, près de 200 petits écrans reproduisaient en temps réel des extraits de tout ce qui était mis en ligne sur le web, que ce soit sur des blogues, des forums de discussion et autres. Simultanément, une voix électronique lisait certains extraits. «Il recrée cette l’ambiance générale de la blogosphère, relate Mouna Andras. C’est comme une expression de toutes les voix collectives qui sont sur le web et qui racontent ce qu’elles voient, ce qu’elles entendent et ce qu’elles ressentent. C’était une œuvre qui a frappé l’imaginaire. C’est un classique dans les œuvres numériques.»

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=dD36IajCz6A]

À lire aussi: Incursion dans le Montréal numérique

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