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Un espoir de plus pour les enfants atteints de paralysie cérébrale

Photo: Yves Provencher/Métro
Laurence Houde-Roy et Roxane Léouzon - Métro

Une étude d’envergure rendue publique aujourd’hui augmente l’espoir que la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) finance l’oxygénothérapie hyperbare pour les enfants atteints de paralysie cérébrale.

Zack Auclair-Ponce aura six ans en mai. Comme plusieurs autres parents, son père, Jacques Auclair, considère que le traitement d’oxygénothérapie hyperbare (voir encadré) a changé la vie de son fils. «Après seulement deux semaines de traitement, il s’est mis à jouer seul, à communiquer davantage. Sa dextérité fine s’est améliorée, soutient M. Auclair. Quand on est retournés en physiothérapie, après le traitement hyperbare, les physiothérapeutes n’en revenaient pas des progrès accomplis par Zack.»

Ce genre de résultats est loin d’être anecdotique, confirme une étude de neuf chercheurs, dont cinq du Québec, rendue publique par le CHU Sainte-Justine aujourd’hui.

Un groupe de 150 enfants atteints de paralysie cérébrale a participé à cette étude réalisée en Inde. Ces jeunes vivant avec des problèmes de motricité, de tonus musculaire et de retard de développement sont bien souvent nés avec cette affection en raison de complications à l’accouchement. Tous les enfants ont pris part pendant six mois à une thérapie intensive en physiothérapie, ergothérapie et orthophonie. Mais une partie de ces enfants ont également profité d’un traitement en chambre hyperbare pendant deux mois, à des degrés différents de pression et d’oxygénation.

Les conclusions de l’étude montrent que l’amélioration du niveau moteur des enfants ayant obtenu le traitement hyperbare est trois fois plus grande que celle du groupe qui a suivi uniquement la thérapie intensive.

«Certains enfants ont commencé à faire leurs premiers pas à l’âge de sept ans après un traitement hyperbare. D’autres ont commencé à parler pour la première fois à neuf ans», indique le Dr Pierre Marois, chercheur au CHU Sainte-Justine et co-auteur de cette étude.

Actuellement, le seul endroit au Québec où les jeunes atteints de paralysie cérébrale peuvent obtenir ce traitement est au Centre hyperbare de l’île, une clinique privée de Pincourt, à l’ouest de Montréal. Et la facture est salée, puisque la RAMQ ne finance pas actuellement le traitement hyperbare pour les patients atteints de paralysie cérébrale.

Le protocole, pour un traitement hyperbare, est de 40 séances coutant 120$ chacune. Pour qu’il suive trois traitements, les parents de Zack ont déboursé 15 000$ jusqu’à présent. Ils ont réussi à obtenir l’aide financière d’une fondation et d’une association.

«Pourquoi le gouvernement ne paye pas ces traitements? s’insurge M. Auclair. C’est injuste qu’on n’ait même pas accès aux chambres hyperbares du réseau public, qui ne sont pas utilisées à pleine capacité.»

L’Hôtel-Dieu de Lévis et l’Hôpital du Sacré-Cœur, à Montréal, possèdent en effet des chambres hyperbares, mais qui ne sont disponibles que pour certaines pathologies comme l’intoxication au monoxyde de carbone, les accidents de plongée sous-marine et les plaies qui ne guérissent pas.

Mais la situation pourrait changer. Avec l’appui de la Société de médecine hyperbare, qui publiera ce mois-ci l’étude des neuf chercheurs dans sa revue scientifique, la RAMQ pourrait accorder le financement de ce traitement, selon les spécialistes.

«Pour que la RAMQ change d’idée, il faut que la Société de médecine hyperbare reconnaisse le traitement. Comme elle le publie dans son journal et qu’un éditorial vient l’appuyer, il y a des chances que la RAMQ le reconnaisse également dans les prochaines années ou les prochains mois», avance le Dr Marois.

Une méthodologie plus précise que celle des autres études publiées sur le sujet, avec un groupe contrôle qui permet de comparer les différents traitements, explique notamment l’appui de la Société à cette étude.

Claudine Lanoix, co-propriétaire du Centre hyperbare de l’île, espère de tout cœur que cette étude contribuera à ce qu’on puisse un jour retrouver des caissons hyperbares dans les hôpitaux Sainte-Justine ou Marie-Enfant. Elle juge que l’oxygénothérapie a été miraculeuse pour ses deux fils, les premiers enfants du Québec à avoir été ainsi traités. Ils ont aujourd’hui 20 ans.

«Mathieu aurait dû être en fauteuil roulant, mais il peut maintenant prendre les transports en commun et aller à l’école dans les programmes normaux, témoigne Mme Lanoix. Michel, lui, aurait dû être tout raide dans son fauteuil roulant, et pourtant il fait du break dance.»

Traitement
Le traitement hyperbare est réalisé dans un caisson, semblable à un sous-marin fermé et étanche, dans lequel entre le patient. On augmente la pression et la quantité d’oxygène à l’intérieur et le patient y séjourne pendant une heure à chaque traitement.

  • La pression ressentie peut être semblable à celle ressentie à 3 m sous la surface de l’eau.
  • Certaines chambres sont en acier, et d’autres, faites en tissu, sont portatives.

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