Viaduc de la Concorde: l’Ordre des ingénieurs ne sévira pas

Huit ans après la chute du viaduc de la Concorde, à Laval, les ingénieurs blâmés ne feront pas l’objet de sanction de la part de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ).

Selon Radio-Canada, «le syndic de l’Ordre justifie l’absence de blâme par le laps de temps qui s’est écoulé entre la construction du viaduc et l’effondrement». Quarante ans après la construction de cet ouvrage, l’obtention des documents pertinents et la rencontre des témoins se seraient avérées trop complexes pour l’OIQ, qui clame aussi que les normes de construction étaient différentes à l’époque.

«Il n’était pas question de faire des enquêtes et de regarder la situation d’aujourd’hui en terme de construction, puis de déposer des plaintes en fonction des normes d’aujourd’hui. Il fallait se replacer dans le temps», a déclaré à Radio-Canada Chantal Michaud, président du syndic de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

M. Michaud justifie les huit années qui se sont écoulées depuis l’effondrement par le fait qu’il fallait du temps pour faire le tour de la question. Si l’ancien vice-président de l’Ordre, Giuseppe Indelicato, comprend que l’Ordre ait rencontré des difficultés, il souligne que «qu’ils auraient peut-être dû arrêter ça bien avant».

Parmi les 12 dossiers d’enquête, une seule plainte sera donc portée contre un ingénieur, mais il s’agit d’un blâme mineur lié à la production de documents.

À l’époque, le rapport de la Commission d’enquête sur le viaduc de la Concorde, présidée par Pierre-Marc Johnson, avait pourtant blâmé l’entrepreneur chargé de la construction et critiqué les lacunes dans la surveillance des travaux et la qualité du béton utilisé. «Aucun des défauts ou des manquements identifiés n’aurait pu, seul, causer cet effondrement, qui résulte d’un enchaînement séquentiel de causes», concluait le rapport.

L’effondrement du viaduc, en septembre 2006, avait fait cinq morts et six blessés.