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Les taxis montréalais devront se munir de caméras

Photo: Yves Provencher/Métro

Les voitures de taxi de Montréal devront obligatoirement s’équiper de caméras et offrir le paiement électronique d’ici 2015.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, avait déjà fait part de son intérêt pour les caméras au début de l’été en réaction au meurtre du chauffeur de taxi Ziad Bouzid, en 2013. Le dévoilement de la Politique sur l’industrie du taxi jeudi vient toutefois officialiser l’intention de la Ville d’imposer ce règlement en plus d’obliger les chauffeurs d’offrir le paiement par cartes.

Le document est le fruit d’un travail de consultation lors de la Commission sur le transport et les travaux publics au printemps dernier.

«Il est temps que notre industrie du taxi passe au XXIe siècle […] et se positionne avantageusement face à la concurrence», a affirmé M. Coderre, qui espère éviter une seconde tragédie en dissuadant les actes répréhensibles et diminuer le vol.

Les caméras pourraient être utilisées seulement comme boîtes noires suite à des crimes, indique le maire, qui compte assurer la vie privée des passagers par des mesures strictes d’utilisation.

La politique reste vague sur l’échéancier de cette nouvelle règlementation, mais M. Coderre a laissé entendre que cela pourrait être fait d’ici 2015. Le plan d’action devrait suivre dans les prochains mois.

Plusieurs options d’autofinancement, comme la publicité à l’intérieur des taxis, sont étudiées actuellement, mais le maire ne ferme pas la porte à ce que les chauffeurs doivent payer en partie ces caméras obligatoires.

«Avec tous les frais qui nous sont déjà imposés, et avec la corruption dans l’industrie, nous avons déjà de la difficulté à faire de l’argent, rappelle Hassan Kattoua, chauffeur de taxi depuis 15 ans. Alors nous ne sommes pas prêts à débourser pour cette technologie.» Il espère qu’un minimum de 10$ soit imposé pour le paiement par carte.

Dominique Roy, président directeur général de Taxi Diamond estime quant à lui qu’avec la publicité dans les taxis, l’installation se fera éventuellement à coût nul pour les chauffeurs. «Je comprends la position de la ville, ce n’est pas à la population à payer pour ça. Je pense qu’il y a des façons d’aller chercher de l’argent à l’extérieur», avance-t-il.

Il salue notamment la volonté de la Ville de développer une norme professionnelle encadrant la formation du chauffeur de taxi. «Les chauffeurs sont vus comme des gens de bas niveau, mais ce n’est pas vrai. La plupart des chauffeurs sont éduqués, mais ne sont pas reconnus à leur juste titre. En établissant une norme, le titre de chauffeur serait reconnu, tout comme l’est un électricien ou un pompier», se réjouit M. Roy.

La politique compte également accélérer le virage vert de l’industrie en augmentant le nombre de voitures électriques et hybrides sur la route et permettre la géolocalisation des voitures pour une réponse plus rapide aux clients. Sans donner de propositions claires, le maire espère également uniformiser la flotte de taxi par une couleur et un modèle unique de voiture.

M. Roy met toutefois en garde la Ville que certains propriétaires de voiture de taxi, qui utilisent également leur automobile pour leurs déplacements personnels, risquent d’être réticents à une couleur trop loufoque. M. Coderre assure toutefois être conscient de l’enjeu.

Le maire transmet aussi, par cette politique, sa volonté d’augmenter l’expérience client en assurant une propreté constante des taxis et en ajoutant des outils pratiques aux voitures. « “Industrie” doit être égal à “fierté”. Quand tu entres dans un taxi en sortant de l’aéroport, tu es déjà à Montréal. Si le client a un iPad devant lui qui lui transmet de la publicité, ça peut aussi lui servir pour vérifier sa réservation d’hôtel», a ajouté le maire.

De son côté, Projet Montréal salue la politique, mais demande plus d’objectifs financiers. Le chef, Richard Bergeron, espère également des mesures plus globales pour réduire l’attrait de la voiture et ainsi encourager l’industrie du taxi actuellement en déclin. «Le parc automobile augmente chaque année, donc les gens sont moins intéressés au taxi. M. Coderre ne semble pas très sensible à cette notion. Vis-à-vis du déclin de l’industrie, je ne crois pas que cette politique soit suffisante», a lancé M. Bergeron jeudi en réaction à l’annonce du maire.

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